Tu attends, perché sur le toit d'un bâtiment, les jambes qui pendent dans le vide. Tu les surveilles d'un oeil curieux et envieux rire autour d'un verre. Quand va-t-il décider à se trahir ? A te trahir ? A sortir le grand jeu ? Même dans la séduction, Côme est ennuyeux.
Quand enfin ils se séparent, tu te relèves. En équilibre sur le rebord, tu penches un peu vers le vide. Finalement, tu fais demi-tour pour emprunter les escaliers en sifflotant. Une fois dans la rue, tu tournes la tête à droite et à gauche. Surveilles la proie s'échapper, mais ce n'est pas lui qui t'intéresse aujourd'hui. Tu préfères partir à la poursuite du monstre qui s'est montré magnanime.
Sur l'Hollywood Boulevard, tu sautes d'étoiles en étoiles. Rattrapes ton camarade que tu pousses brutalement par terre. A la vue des passants, dont certains s'arrêtent pour dévisager l'absurdité de la scène. Tu poses une pied sur le dos de ton subordonné pour le clouer à terre. Te penches en avant.
— « Comment est-ce que ça va en cette journée ENSOLEILLÉE ? »
Étires un petit sourire morbide.
— « A trop rester au soleil tu pourrais prendre des coups. »
Mais lesquels ?
un regard inattendu
Les choses ne sont pas très bien terminées mais aujourd’hui Côme sait.
Il sait que face à sa tasse de café, il ne pouvait pas rêver mieux.
L’écuyer qui lui fait face ne sait r i e n de sa véritable nature et Côme a bien des idées en tête pour le faire tomber, il doit le regarder, il doit le voir, il doit l’envier, il doit le vouloir.
Il doit poser ses yeux sur lui.
Côme veut être son monde.
Côme veut le voir mijoter.
Côme prend son mal en patience.
Il le fixe.
Il contemple ce qu’il pourrait faire pour avoir ne serait-ce qu’un regard digne de ce nom.
Le faire patienter.
Se laisser désirer.
Aujourd’hui ce ne sera pas suffisant.
Côme le sait.
Ce n’est pas encore son heure.
Il se redresse.
Règle sa part.
Et sort du café, pensif.
Doit-il encore attendre longtemps ? Même lui ne le sait pas. C’est une question de feeling.
Alors.
Il ne le voit pas arriver.
Lui qui était pourtant si près.
Lui qui l’observait depuis tout ce temps.
Désireux du regard de l’écuyer, il n’a pas remarqué que celui qui ne le déçois jamais le regardait depuis tout ce temps.
Il s’écrase par terre.
Une pression sur son dos.
Oooh.
Il le sent, tout ces r e g a r d s.
Mais il n’en a que faire, ce ne sont que des regards curieux.
I n i n t é r e s s a n t dans sa situation.
Et il entend.
Il entend le son de la voix du monstre qui l’a façonné.
Il pourrait reconnaitre ce son entre mille.
D u k e.
Il reste là, léger sourire.
« Ca va impeccablement bien mon cher. Et toi ? Que me vaut cet honneur ? »
Et il n’en restera pas là car Côme est bavard envers ceux qui l’intéresse.
« Merci pour le conseil, il s’avère qu’actuellement ton ombre me protège me voilà donc sauvé quelle chance ! »
Léger rire.
Il reprend rapidement son sérieux, tente de se redresser mais le bougre le maintien bien au sol.
« Pourrais tu au moins me laisser l’occasion de me retourner afin que je ne converse plus avec le sol ? »
Il veut le voir.
Il veut voir son regard.
Il veut le regarder droit dans les yeux.
— « Cet honneur... OH ! CET HONNEUR ! C'est un honneur pour toi que de me voir me déplacer juste pour ta belle gueule ? »
Tu fronces les sourcils. Tu veux le punir mais tu manques cruellement d'imagination aujourd'hui. Tu appuies une dernière fois sur son dos avant de concéder à le libérer. Tu lui offres même ta main pour l'aider à se relever. S'il hésite à la prendre, tu le tires dans tous les cas en chopant son poignet. Le hisses à ta hauteur - et tu as donc l'occasion de lui souffler d'une voix étrangement plus grave.
— « J'espère que ton café était bon, mon cher. »
Tu lui laisses l'espace de reculer pour que vos visages se fassent face, mais tu ne lâches pas son bras pour autant. Tu serres davantage ta prise.
— « J'ai failli empoisonner la tasse de ton ami, tout à l'heure. Vous aviez l'air de bien vous amuser. Je ne suis pas le péché de la jalousie, mais je n'aime pas voir mes choses tourner autour d'écuyers sans qu'ils ne finissent dévorés. »
un regard inattendu
A terre.
Côme n’a d’autre choix que de parler, parler pour espérer qu’on le libère de cette emprise, qu’il puisse constater et v o i r.
V o i r le regard de Duke.
Ce regard dont il a besoin dans sa v i e.
Il l’entend parler.
Répondre a ses propos.
« Bien évidemment, que ferais-je sans ton regard ? »
Il fini par se faire libérer.
Et il se redresse, son bras attrapé par la main de Duke.
Les regards se croisent direct.
Oh.
Il n’est pas content.
C’est souvent comme ca, Côme constate.
Le ton ne correspond pas aux regards.
C’est là que fixer ces pupilles demeurent intéressant.
Il plisse les yeux.
Ah.
Il sait donc pour le verre.
Oui évidemment, il sait tout.
Il hoche doucement la tête.
« Il était délicieux, j’ai l’œil pour remarquer les choses bonnes tu le sais bien. »
Les yeux légèrement écarquillés.
Il constate que ca aurait pu vite déraper.
Il prend un ton plus sérieux.
« Oh. C’est vrai. Tu en serai capable, mais tu ne l’as pas fait. »
Légère pause.
Vraiment très légère car il sait qu’en tardant trop en restant sur cette phrase il risquerait sa vie.
« Il n’est pas encore prêt. Pas encore … Il ne me regarde pas encore assez correctement…. »
Ses yeux ne quittent pas ceux de son créateur.
Il reste fixe.
Pas dérangé par la prise qui s’est serré davantage.
« Il doit encore mijoter un peu, je déteste manger prématurément tu sais… »
Et il terminera sur sa lancée.
« Fais-moi confiance. »
Car c’est bien là le nœud de leur discussion.
Une question de confiance.
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