L'un des gardes du corps d'Olivia Parker aurait été attaqué récemment par une ombre, indescriptible de force et de forme. Bien que survivant de cette attaque, ce dernier se retrouve à l'hôpital avec sa famille pour le soutenir.
Selon le dossier ouvert sur cet assaut surprise, ça se serait passé dans l'une des ruelles de Los Angeles, non loin de l'observatoire griffith.
Un témoin occulaire aurait été déjà questionné, mais ce dernier qui n'est autre qu'une dame âgée de 85 ans, ne semble en vouloir dire davantage aux forces de l'ordre si ce n'est ce que tout le monde sait : un homme s'est fait attaquer aux portes de l'observatoire, non loin d'un arbre.

C'est en apprenant la nouvelle que votre division s'est fait alpaguer par l'idée incongrue d'enquêter sur les évènements de la nuit dernière. Et c'est sans compter sur votre légendaire discrétion que de vous rapprocher de cette grand mère en vous invitant à l'un de ses conciliabules récurrents entre vieilles dames.

Nul doute,
que vous vous ferez petits dans cette affaire pour mener à bien le projet de recueillir son témoignage dans un cocon qu'elle pensera sûr.

T'avises d'un oeil patibulaire et noir la très longue cape en vieux coton orné d'un bonnet gris que tu dois entrelacer jusqu'en-dessous du menton pour le faire tenir.
Il arrive des fois que tes questions louvoient vers des terrains plus inconnues et à jamais en perdition : après tout, que faisais-tu ici avec ton chef à devoir infilter un groupe de mamies aussi sourdes que mal voyantes.
Il suffirait de l'attraper par le cou, de la soulever et de l'agiter comme un prunier dans l'espoir qu'elle donne des informations sous l'effet de la peur, si la crise cardiaque ne vient pas trop rapidement.

Au lieu de ça, l'un des enfants du quartier s'était amusé à redressiner et grimer les traits vieillissants du visage, et c'était aussi sans compter le fait d'être accompagné d'une canne et du port le plus inconfortable qui soit : bossu et ratatiné sur toi-même.

Tu espérais alors un soutien en regardant Fenrir, et tu espérais aussi qu'il t'accompagnerait et serait aussi déguisés pour l'enquête afin de combler le trop plein de ridicule qui menace de te submerger.

Est-il vraiment désolé de me mêler à ces affaires de septagénères ?
Tu en doutais quelque peu.
Quant à savoir imiter les vieux, la question ne se posait pas : aux antipodes de l'allure fragile et fébrile d'un amas de vieux os qui s'entrechoquent à chaque mouvement, pour sûr que tu n'étais pas prêt à les imiter avec pacha.
Un instant, tu t'enfonces dans les ménadres du passé, là où tes nombreux pas ont foulé ceux des grands parents. Autrefois vivants, chaleureux et avenants, aujourd'hui pourrissaient leur carcasse au fond de deux trous de terre. Toujours à l'affût des bonnes et mauvaises nouvelles à ramener à chaque fois que tu rentrais de l'école.
.. le problème avec tes grand-parents... c'est qu'ils n'ont jamais paru "tres vieux" dans l'allure, ni dans le vocabulaire.

Alors, à la question de ton chef, tu commences à faire trembler ta main, tu exagères le geste, et ta voix se met elle aussi à vaciller au gré de tes mots, intonation grave impossible à négliger dans cette piètre reproduction:

- Qui aime les p'tites sucreriiiies ?

Et t'as conscience la seconde d'après d'avoir l'air plus con qu'un balai.
Peut-être valait-il mieux au final ne pas l'ouvrir durant cette mission. Faire profil bas et s'enfoncer dans l'ombre d'une capuche de pluie, le dos assez penché pour tuer 20 centimètres en trop.
Pour sûr... tu étais une géante.

- Elles bavassent, dans leur coin, sans se soucier du dehors. Les ennemis rôdent pourtant.

Tu as peut-être peur pour elles. C'était stupide au vue d'un âge trop avancé pour se préoccuper de leur état. Mais qui sait... peut-être que ces grands mères ont aussi des enfants, et des petits enfants qui ont encore besoin d'elles.

- J'y vais en premier, chef ! Certain que vous êtes meilleur grand-mère que moi.

que t'annonces de ta voix virile alors que tes pas vont presque trembler le sol.
Peu importe, il fallait les aborder, les interroger.