T'as une aura de looser qui te colle à la peau. Toi, tu te vois encore de temps en temps comme le personnage principal de ta propre histoire mais ça te file entre les doigts. Dans le fond, t'es juste un putain de PNJ. T'aime pas qu'on t'appelle "le raté", ça te fout en rogne. Mais il faut que tu acceptes un jour les choses. T'es qu'un lâche qui préfère fuir ses problèmes que de réellement les affronter. T'as jamais été capable de faire front quand c'est pour te défendre. Tu préfères t'écraser parce que c'est plus facile à gérer quand t'es volontaire pour te faire marcher dessus.

Les gens t'ont jamais fais de cadeau alors t'es trop occupé à essayer de te sauver toi pour sauver les autres. Ca te ronge à chaque fois l'âme un peu plus quand t'abandonnes quelqu'un derrière pour essayer de te protéger toi mais si tu t'occupes pas de toi, qui le fera ? Te faire passer avant les autres c'est un peu tout ce qui te reste, même si t'as envie de faire le bien autour de toi.

À côté de ça, t'as une sacré résilience. Tu t'en rends même pas compte, t'es trop occupé à te lamenter sur ta vie qui semble un peu plus se barrer en couille chaque jour que pour prendre le recul nécessaire sur toi. T'as apprit à encaisser les coups et, t'es devenu doué pour ça. Tu rebondis rapidement sur les situations de merde. Tout ça, ça t'a rendu plutôt créatif quand il s'agit de trouver des solutions pour te sortir de la merde. T'es un peu le McGyver de la situation qui pue le purin, t'as apprit à bricoler avec des bouts de ficèles, quitte à verser dans l'illégal pour sauver ton cul.

T'aimerais être un gars bien. Mais tu préfères te voiler la face en te disant que la vie t'as jamais donné l'occasion de l'être. Tu te mens tel un arracheur de dent, refusant de reconnaître que t'es pas une bonne personne, que t'es esclave de tes peurs, que tes solutions sont jamais que des allumettes dont la flamme est soufflée par le vent.

T'as la haine contre toi même, t'as la haine contre le monde. Parfois, tu te dis que ça serait mieux si tout s'arrêtait et en même temps t'es trop attaché à la vie, même si elle t'a jamais rien offert, même si t'as l'impression d'en avoir chié tous les jours depuis ta naissance. T'es un sacré pessimiste, quand on y pense. Mais est-ce qu'on peut vraiment t'en blâmer ? Malgré tout, tu gardes ton fiel pour toi et t'essayes d'affronter chaque jour avec un sourire, espérant que ça changera la donne. Mais dans le fond, t'as l'impression que sombrer doucement dans la folie à essayer la même chose tous les jours alors que les années t'ont prouvées que ça ne marche pas. Tu continues de te mentir en te disant que t'en es pas fatigué, de toute cette merde.

T’as toujours eu la vie d’un américain moyen. A vrai dire, tu sais pas faire mieux que moyen. T’y es jamais arrivé, pour être honnête. Ta famille n’est ni pauvre ni riche. T’as réussi tes études secondaires par la petite porte. Tu t’es endetté d’un prêt étudiant comme beaucoup de jeunes de ton âge pour tenter ta chance à l’unif… Et c’est là que t’as commencé à chier dans la colle.

T’as tout foiré.

Dès les premiers jours, alors que tu visais grand et gros, t’as fini par être jeté dans la fontaine du campus. T’es rentré dans ton dortoir en foutant de la flotte partout et tu t’es fait engueulé pour ça. De là, cette réputation, ça t’a collé à la peau. Un sacré chewing-gum sous t’as chaussure que dont t’as jamais réussi à te débarrasser. Vous étiez tous sensés apprendre à devenir adulte, maturer au fil des années. Mais non, visiblement, ça les concernait pas quand c’était à ton égard. On t’a surnommé Nemo suite à cette journée et ça t’a collé au cul.

Tous les jours c’était brimades et moqueries. T’allais en amphithéâtre comme on irait à sa propre pendaison. Pieds de plombs et regard au sol. Tu voulais bosser dans la finance. C’était pas par passion, mais uniquement parce qu’on t’avait dit que c’était un milieux qui rapportait gros. Tu voulais juste prendre ta revanche sur la vie. Et si ça voulait dire vivre cet enfer le temps d’avoir ton diplôme, t’étais prêt à la faire. Du moins, tu le pensais.

T’as tout plaqué, t’as tout abandonné quand on t’as jeté une nouvelle fois dans cette même fontaine en te sommant d’aller retrouver ton daron. Le mois de novembre était bien avancé et il neigeait ce jour-là. T’as fait une pneumonie qui s’est mal passée. T’as fini à l’hôpital. Tu te souviens pas de grand-chose de cette journée. Tu sais juste que quand t’as vu la facture tomber, t’as dû demander de l’aide à tes parents pour la payer.

C’est là que t’as dû arrêter tes études. Tu devais rembourser ton prêt étudiant et maintenant tu devais aussi rembourser tes parents. T’avais réussi à te faire engager dans une banque, tout en bas de l’échelle. T’étais un petit poisson, même si ça te retournait l’estomac à chaque fois qu’un adulte t’appelait comme ça dans la boite.

Tu sais pas si c’est parce que c’était plus facile ou si tu t’es juste enfermé dans la routine, mais t’es resté là longtemps. T’as pu déménager et te prendre un petit appartement de merde dans un quartier un peu foireux. Tes dettes te poursuivaient, tel des démons, elles te réveillaient au milieu de la nuit. Sueurs froides et cauchemars. T’en a bouffé des moments de merde.

T’avais réussi à devenir comptable, même en l’absence de diplôme. Et, bordel, t’étais pas peu fier de toi. Enfin, un truc marchait droit dans ta vie. Et c’est là que la crise a frappé. Réduction budgétaire. Bam. Le couperet tombe, tu fais partie des gens qu’ils licencient.

T’es en colère, t’es triste. Tu sais pas quoi foutre de ta vie. T’as lu sur reddit l’histoire d’un gars qui a vécu la même chose que toi et qui est devenu millionnaire en pariant tout au casino. C’était pas malin, mais tu t’es dit « si c’est arrivé à lui, pourquoi pas à moi ? ». T’avais juste, l’espace d’un instant, oublié que t’étais né sous une mauvaise étoile. T’as tout perdu au Devil’s Hand Casino. On t’a foutu dehors avec un compte en banque pas loin d’être dans le rouge.

Et là, t’as voulu boire pour oublier. Jamais t’aurais cru que ça changerait autant ta vie. T’es aller dans ce bar que tu connaissais pas et t’as picolé.

Bon Dieu, que t’as picolé.

C’est sans doute pour ça qu’on n’a pas dosé ton verre ce soir-là, comme ça arrive à beaucoup de clients du bar. Et c’est sans doute pour ça que tu t’es réveillé à cause d’une douleur vive. C’est là que t’as fait la rencontre de ton sauveur et de ta déchéance à la fois. Un vampire qui te mordait le cou, suçant ton sang comme si t’avais été un putain de berlingot au lait à la fraise.

T’as paniqué, t’as essayé de le repousser. T’es arrivé à rien. Après ça, t’as eu un moment d’acceptation. C’était pas ta première rencontre avec un monstre mais, sur le moment, tu t’es dit que ça te dérangerait pas de mourir ici. T’avais plus rien pour toi après tout.

Cette soirée étrange se termina par un pacte. Ton groupe sanguin, c’est O négatif et ça a l’air de lui plaire vraiment. Toi, t’es dans la dèche et t’as besoin d’une main tendue. C’est comme ça que t’as commencé à vivre chez lui. T’es logé, nourris, blanchis et tout ce que t’as à faire en échange, c’est tendre ton cou et le laisser se nourrir de toi. A côté de ça, tu t’occupes du bar de temps en temps pour encaisser un peu d’argent et continuer à rembourser tes dettes. En tout cas, tu t’es fourré dans une sacré situation, Eliott.

Pseudo : NyxBanana...again °3°
Âge : 29 ans toujours
Pronoms : Il/Elle They/Them
Commentaire : big looser is here \o/