L’annonce ne paie certes pas de mine mais elle est tout de même collée à la vitrine depuis maintenant plusieurs semaines. Personne dans cette satanée ville n’est donc intéressé à l’idée de restaurer des instruments ? Est-ce donc là la fin de l’artisanat et du travail véritable ? Un soupir franchit ses lèvres et, essuyant ses mains poussiéreuses sur son tablier, Feren se lève. Il n’est ni de bonne ni de mauvaise humeur, simplement las de constater que si personne ne se manisfeste dans les jours à venir il passera une année de plus sans un apprenti à ses côtés. L’atelier est pourtant bien situé, coincé entre deux tours, non loin de l’opéra et à quelques minutes seulement d’un grand centre commercial. La rue est passante, touristique quand la saison s’y prête et, malgré une devanture sommaire, on devine largement l’objet de la boutique.

De retour à son établi, ses yeux azurs rivés sur l’instrument qu’il s'affaire à restaurer depuis presque deux semaines, le jeune homme s’empare d’un chiffon qu’il vient enduire délicatement d’huile de lin. Il le dépose sur l’instrument et d’un geste maîtrisé s’active à le faire briller. Au fond de l’échoppe, un gramophone laisse échapper quelques notes qui viennent arracher à la carcasse du gourmand passionné un mouvement presque dansé.