Résumé des derniers mois

Depuis fin décembre, plus rien ne va à Los Angeles.

La West Broadcast Company, plus gros groupe de médias de la côte Ouest, couvre de plus en plus les manifestations anti couvre-feu et sa ligne éditoriale se veut encore plus agressive envers la maire de la ville. D’ailleurs, les derniers sondages ne s’y trompent pas, Olivia est descendue à un score record de 17% d’intention de votes, si l'élection avait lieu cette semaine.

Est-ce que quelqu’un est derrière tout ça ? Peut être. Il semblerait que les monstres aient pris un bastion de taille dans la politique californienne. D’ailleurs, des changements sont à prévoir quant à la hiérarchie chez les anthropophages ! Il semblerait que Vicky Mădălina soit devenue le nouveau péché de l’Orgueil. Dans la même journée, les membres du groupe de l’Envie ont appris la mort brutale de Hope, leur ancien péché.

Des nouvelles d’un ancien Péché ? Oui. Il semblerait qu’après une enquête minutieuse de la part de certains protecteurs, le nom du coupable de la mort de Charles soit enfin connu. Duke Hawkins, l’ancien péché de la Gourmandise, est responsable du meurtre. Il a disparu depuis le meurtre et les protecteurs le traquent activement en Europe.

Les protecteurs se trouvent enfin un chef ! Suite à une mission pas franchement réussie mais qui se termine pas trop mal, Henry accepte la succession de son père. Cependant, attention, il a été clair lors de son discours. “Je ne suis là que le temps de régler le problème actuel.”

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7 Février 2023

Le couvre-feu prend enfin fin !

Après de nombreuses manifestations et un taux de criminalité qui ne semble pas vouloir descendre, Olivia Parker n’a plus le choix. Dans un communiqué de la mairie de Los Angeles, elle y annonce la fin du couvre-feu et le début d’un système de protection des habitants, en collaboration avec le Los Angeles Police Department.  

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26 Février 2023

“Henry, nous avons de mauvaises nouvelles.”

Voilà la première phrase que Samuel avait prononcé, en entrant dans la pièce qui fût pendant si longtemps le bureau d’Henry. Et quelles mauvaises nouvelles, puisqu’en à peine deux semaines, les protecteurs avaient perdu Claus, le paladin Tristan, et Alice, le paladin Bohort. Ils avaient certes réussi à arrêter quelques monstres, mais la perte des deux combattants avait porté un vrai coup au moral des troupes. Ray Owens, l’ancien paladin de Keating, avait beau avoir pris sa place, ce n’était pas suffisant.

Il fallait une grande action.

4 Mars 2023

Décès de Delilah Lewis, élue à l’assemblée de Californie.

C’est ce mardi matin que les proches de la politicienne ont révélé la mort de Delilah Lewis, à l’âge de 34 ans. Très récemment élue à l’assemblée de l’Etat, c’est dans l’incendie accidentel de sa maison qu’elle a trouvé la mort. Les enquêteurs sont toujours à la recherche de témoins sur les circonstances étranges du départ de feu.

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5 Mars 2023

“Nous nous sommes débarrassés de Lewis et de Luxure"

“En voilà une bonne nouvelle”, c’était la première pensée de Campbell. En à peine trois mois, il avait perdu plus de soldats que son père sur les dix dernières années. Il fallait une grande nouvelle. Quelque chose pour prouver que les monstres ne sont pas à leur place ici. Qu’ils n’étaient qu’une tâche qu’il allait falloir nettoyer au plus vite.
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13 Mars 2023

La maire de Los Angeles agressée !

C’est lors d’une visite de courtoisie dans le quartier de Skid Row qu’Olivia Parker, Maire de Los Angeles, s’est faite agresser. Le responsable, un chauffeur poids-lourd de 54 ans, n’a pas voulu s’exprimer sur les raisons de son agression.

Samuel & Olivia

Chaque jour, Samuel avait vu Henry sombrer; il l’avait vu se poser bien trop de questions et n’y répondre que par une violence grandissante. Il avait senti son compagnon devenir de plus en plus distant, accaparé qu’il était par l’état dans lequel il retrouvait ce monde qu’il avait un jour quitté.
Depuis qu’ils étaient revenus sous l’égide des Protecteurs, la vie à laquelle ils avaient aspiré se dissolvait lentement et Samuel, les yeux rivés sur l’extérieur, sentait que quelque chose devait être fait. Et que ce quelque chose, c’était lui qui était le mieux placé pour le faire.

Il ne voulait trahir ni Henry, ni l’organisation, ni personne d’ailleurs. Mais si le monde continuait à avancer dans la direction dans laquelle il allait à présent, il savait que jamais il ne pourrait récupérer l’espoir d’une vie sans ces affaires de monstres et de protecteur, de guerre et de violence.

Il posa la main sur un dossier à la couverture abîmée, fermé par une épaisse sangle bordeaux. C’était l’écriture de Charles qui ornait nombre des pages à l’intérieur, celle de Charles et celles d’autres. Certains papiers étaient jaunis par le temps; l’entrée la plus récente datait de quelques jours seulement avant la mort du patriarche.

À côté du dossier trônait un article de journal relatant l'agression récente de Madame le Maire. Une photo accompagnait l’article. Et, troublé par le cliché, Samuel avait entrepris quelques recherches sur internet, sur les réseaux, partout où il avait pu.
Il n’avait pas tardé à trouver des vidéos de l'agression en question — tous ses doutes s’étaient dissipés.
Samuel jeta un coup d'œil à l’heure, il lui restait du temps. Il prit le téléphone jetable qu’il avait soigneusement caché dans la poche intérieur de son veston et composa un numéro.
Celui du bureau de la Mairie. Celui de la ligne directe d’Olivia Parker.

Personne ne répondit alors il laissa un message, déguisant sa voix :

“Madame Parker, même si ce que je vais dire va vous sembler absurde, il vous faut me croire - ou au moins garder l’esprit ouvert. Vous ne le savez pas encore mais je suis un ami.
Je sais qui vous a agressé dans la rue mardi dernier. Je sais que cela risque de recommencer. Je sais aussi quelle est la source de tous les maux de cette ville. et des vôtres. Ce sont les monstres. Ils sont partout…”

Quelqu’un toqua à la porte. Samuel s’assura juste que le message avait été enregistré et raccrocha abruptement, cachant le téléphone là où il se trouvait précédemment. “Entrez.”

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De l’autre côté de la ligne, bien plus tard ce jour-là, Olivia prit connaissance des messages laissés en son absence. L’agression avait été vite interrompue mais elle souffrait de quelques blessures qui nécessitaient un suivi selon les médecins — elle se désolait de ces contraintes supplémentaires, mais savait que c’était certainement le mieux à faire pour rassurer ses proches.

Pensive, elle s’assit à son bureau et écouta le ton monocorde de la voix de sa boîte de messagerie lui annoncer la suite. Elle supprima quelques messages et finalement, s’étonna de ne pas reconnaître le numéro du dernier appel reçu, non enregistré dans ses contacts. Sa ligne privée n'était pourtant pas accessible à grand monde. Légèrement suspicieuse, elle décrocha, hésitante à laisser le message sur le haut-parleur.

La voix au bout du fil était étrange, ses mots sonnaient comme une menace voilée et les derniers mots lui firent avoir un hoquet de surprises. Des monstres ??? pensa-t-elle avec un léger dédain, et puis quoi encore. Elle n’était pas née de la dernière pluie.

Pourtant, pourtant…
Pourtant quelque chose dans le ton de cet interlocuteur inconnu au bout du fil, quelque chose à propos de ce sentiment d’urgence qu’elle avait ressenti en écoutant.
Et son intuition. Son intuition ne la trompait jamais. Pas une seule fois dans sa vie elle ne lui avait fait défaut, c’était presque surnaturel. Elle savait que quelque chose clochait. Elle savait que ce n’était pas un mensonge. Mais.

Le message ne faisait pas de sens. C’était très certainement l'œuvre de quelqu’un de malveillant. C’était la façon la plus rationnelle de voir les choses.
Et pourtant… pourtant.

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Deux jours plus tard, Samuel avait pris sa décision. Il allait sortir le dossier de Charles du bureau et le donner au Maire. Il ne pouvait pas le garder et ne pourrait pas éternellement en cacher la nature à Henry — et il avait peur de sa réaction, peur du déni, peur qu’il détruise tout en traitant ça de conte pour enfants.
Alors que lui y voyait une lueur d’espoir. Et même si ça s’avérait être un hareng rouge, il ne regretterait pas d’avoir essayé.

Alors il prit son colis, et sortit l’air de rien, posant au passage des documents qui étaient destinés à Henry sur son bureau. “Tiens, c’est les archives que tu m’as demandé, je les ai retrouvées dans le cabinet de ton père.” Il lui fit un clin d'œil complice, lui assurant que sans lui, il ne saurait distinguer sa tête de ses pieds.

Puis Samuel sortit. Et son air devint grave. Il avait échangé de nombreux messages depuis deux jours avec Olivia. Elle ne l’avait pas vraiment cru au début, bien sûr.
Et quelque chose s’était passé hier soir et elle avait accepté de le voir, lui demandant même de se déplacer le plus vite qu’il le pourrait.
Ils avaient rendez-vous d’ici une petite heure. Alors il accéléra le pas. Déterminé — et terrifié.

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Deux jours plus tard, Olivia avait l’impression que son monde tout entier s’était effondré. Elle restait digne, souriante, savait sauver les apparences bien sûr — on arrive pas si loin en politique avec ses seules mots pour alliés. Mais plus rien n’allait. Tout était chaos, tout était sens-dessus-dessous, inconcevable, inaudible. Elle avait joué au singe de la sagesse. Elle avait perdu.

Après le message laissé sur sa messagerie, le mystérieux “ami” avait continué d’essayer d’entrer en contact avec elle, par divers moyens.
Et c’est à moitié agacée, à moitié confuse qu’elle avait fini par répondre à un mail. Aujourd’hui, elle regrettait peut-être un peu son geste — mais si elle n’avait jamais répondu, jamais elle n’aurait su.
Et finalement, peut-être était-ce bien pire. Peut-être que c’était là que se tenait sa véritable vocation, elle qui avait toujours eu à cœur de faire avancer les droits des gens moins fortunés qu’elle. Elle qui avait toujours eu pour but de faire avancer les choses dans le bon sens.

Elle jeta un coup d'œil à la montre qui ornait son poignet. Il était bientôt l’heure. Elle repensa à la veille au soir et frissonna. Quelque chose s’était passé hier, quelque chose qui n’avait aucun sens — juste quelques secondes.

Elle regardait sa main tandis qu’elle se dirigeait jusqu’à sa voiture — juste un bref instant.
Ses doigts étaient normaux. Mais hier soir, hier soir, elle aurait juré qu’elle avait mis le feu à ses propres doigts.

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Samuel et Olivia se regardèrent sans se parler pendant un bref instant. Il sortit délicatement le dossier de son sac en cuir et le lui tendit.

“Olivia, je sais que tout ça c’est très dur à comprendre et croire d’un coup. Mais je sais que vous y arriverez, vous êtes quelqu’un de bien, vous êtes déterminé, vous avez les épaules solides.”

Il laissa échapper un petit rire, nerveux, et parut tout à coup abattu.
Olivia prit le dossier sans rien dire au début. Elle l’ouvrit et feuilleta brièvement les notes. Puis referma le dossier d’un geste sec. Sa tête tournait.

“Je ne sais pas si… Je ne sais pas si… Si je réussirais. C’est beaucoup ce que vous demandez, c’est énorme. C’est ma vie tout entière qui est remise en question et je-”

Elle s’interrompit. Samuel avait tourné la tête d’un coup. Ils n’osaient plus bouger. L’un et l’autre regardaient autour d’eux comme des biches prises en plein phare.

“Quelque chose a -
Oui, j’ai entendu aussi.”

À nouveau le même bruit, un tic, tic, tic ténu mais régulier. Comme quelque chose de métallique que l’on passe lentement sur les barreaux d’une grille. La pénombre de cette fin de journée semblait tout à coup plus n’être l’alliée de la rencontre secrète mais un ennemi pernicieux qui les avait vendu à quelques horreurs embusquées.
Quelqu’un, ou quelque chose, les avait suivis jusque dans ce parc reculé de la ville. Et ni Samuel, ni Olivia n’étaient prêts à faire face à ce qui se cachait dans les ténèbres.

Samuel ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais il était déjà trop tard. Une masse avait fondu sur eux à la vitesse de l’éclair. Des clings métalliques s’échappaient d’une gueule pleine de crocs et Samuel parvint de justesse à se jeter sur le côté.
La chose qui se tenait maintenant face à Olivia mettait sa raison à rude épreuve.
Le monstre retenta une attaque, fonçant droit, enragé.

Une fraction de seconde.
Samuel qui lève la tête. Qui tend la main. Ouvre la bouche pour crier.
Olivia qui lève les bras. Protège son visage. Hurle.

La gueule pleine de dents.
La main d’Olivia à l’intérieur.
Les mâchoires qui se referment.
La douleur et puis plus rien…
Plus rien et puis le feu.
Un brasier qui explose la mâchoire et la gorge du monstre.
Son sang qui se répand et l’odeur de chair brûlée.

Olivia, les visage rouges, les yeux plein de larmes et cette main qui flamboie.
Les yeux de Samuel s'illuminent.
C’est comme dans les livres, les vieux livres, ces vieux livres…
De la sorcellerie.

Voilà !

Enfin, West Coast Slayers arrive à son arc 2. Vous l’aurez remarqué, la guerre fait rage dans l’Ouest américain. Un petit récapitulatif rapide ?

- Los Angeles n’a plus de couvre-feu. La décision, incomprise par les électeurs d’Olivia, semble avoir été prise dans l’urgence. La criminalité ne descend pas, puisque la guerre entre protecteurs et monstres continue toujours.

- Du changement chez les péchés comme chez les paladins ! Le bal normal des décès, j’imagine.

- Olivia agressée ! Rapidement, Samuel, assistant d’Henry, réagit. Il lui fournit des documents importants afin de lui ouvrir les yeux et durant leur rendez-vous, ils sont attaqués. Olivia fait disparaître la menace avec une magie inconnue.

Vous l’aurez compris, il est question désormais de MAGIE. Évidemment, vous aurez plus d’informations dans les prochaines semaines… mais Olivia est toute aussi perdue que vous.

Quelques heures après l’attaque,

Samuel et Olivia étaient tous les deux allongés dans un lit d’hôpital. Olivia avait eu droit à un traitement de faveur, son statut de Maire lui permettant d’obtenir sans mal une chambre individuelle. Cependant, dès qu’il avait pu, Samuel s’était levé de son lit pour retrouver Olivia. Il s’était assis dans le fauteuil libre avec un air grave. Son état n’était pas préoccupant; mais il savait que Henry ne tardera pas à venir, et avec lui, sa fureur.

Olivia n’avait rien dit depuis qu’elle était arrivée. Elle était coincée dans sa propre tête, sujette, pour la première fois de sa vie, à une violente crise d’anxiété. Son corps lui répondait à peine et la douleur de la plaie à son bras remontait en pulsation jusque sous son scalp.

Olivia, je suis désolé pour ce qui s’est passé. J’ai glissé le dossier dans ton sac. Samuel releva la tête et, sans la regarder, ajouta :  Il faut que tu t’en ailles. Ta carrière est en mauvaise posture depuis le retrait du couvre-feu, profites-en. Fuit, prends le dossier avec toi, ne te retourne pas.
Il finit sa phrase et se rendit compte qu’elle avait maintenant son regard posé sur lui. Plus rien ne faisait de sens. Son bras lui faisait mal et elle avait peur pour son futur.

Mais, au fond d’elle, Olivia savait qu’il avait raison. Et elle savait quoi faire. Juste un peu plus de temps, c’est tout ce qu’elle aurait aimé avoir. Un tout petit peu plus de temps…

Salt Lake City. Charles avait le numéro de quelqu’un là-bas, quelqu’un qui pourra peut-être t’aider. Je crois qu’elle fait partie d’un des derniers cercles de sorcières existants de ce côté-ci de l’océan. Il lui tendit un téléphone jetable, le sien. Le numéro est enregistré dedans à Baba. Je ne sais pas si elle est toujours en vie mais c’est ce que j’ai de mieux. Amène lui le dossier et…
Son téléphone, le vrai, se mit à sonner dans sa poche, l’interrompant. Il soupira, sachant parfaitement qui était de l’autre côté du fil. Ne t’inquiète pas, je vais bien. […] C’est les médicaments ça me woouh […] D’accord, je prends mes affaires et je descends dans le hall dans cinq minutes. Oui, moi aussi je t’aime Henry.

Les derniers mots étaient murmurés. Olivia comprit. Elle hocha la tête. Ne t’en fais pas, j’ai compris ce que tu m’as dit. Je ferai en sorte d’être partie le plus rapidement possible. Elle marqua une pause et ajouta : J’espère qu’on aura l’occasion de se revoir. Je ne serais pas contre un verre avec un ami dans le futur.

Samuel acquiesça avec un sourire, puis disparut.
Olivia resta seule un instant avec ses pensées.
Passa un coup de fil.
Puis un deuxième.
Et le lendemain, Olivia Parker, Maire de Los Angeles avait disparu. Évanouie dans la nature. Introuvable.
Deux jours plus tard, les membres de la Mairie faisaient une réunion en urgence.
Trois jours plus tard, les journaux titraient :
“Après la débâcle du couvre-feu, Olivia Parker quitte en catimini ses fonctions de Maire. Des nouvelles élections en urgence sont en discussion au bureau de la Mairie”
“Un opposant au Maire Parker : Elle a eu honte, c’est un fait - et elle a bien raison, c’est une honte pour le pays ! Los Angeles mérite mieux !”
“Le mystère Olivia Parker : a-t-elle vraiment déserté de son plein gré ?”

Il n’y avait pas un seul protecteur en activité qui n’avait pas reçu l’information.

Ceux qui n’étaient pas en Californie avaient été contactés via internet ou leurs téléphones. Les plus vieux d’entre eux avaient même reçu le message par lettre. Et le message avait été plus que clair.

Ils étaient réunis, là, à San Francisco, dans le QG des Protecteurs. Une grande salle pleine, certains étant obligés d’écouter le discours d’Henry depuis le lobby à travers les doubles portes ouvertes.

“Nous ne pouvons plus tolérer les monstres.”

La voix grave d’Henry avait calmé l’assemblée présente. Si certains se demandaient parfois vers où Henry souhaitait mener les protecteurs, après le discours de ce soir, il était clair que la direction était tranchante.

“Les monstres que vous laissez en vie parce qu’ils vous donnent des informations, c’est terminé. Qu’ils soient anthropophages ou végétariens, vous devez leur réserver le même sort. Les monstres doivent tous périr.”

Peut être que c’est à la suite de l’agression de Samuel qu’il avait fini par prendre sa décision. Samuel, derrière Henry, le bras encore dans le plâtre, ne bougeait pas d’un poil.

“Chaque protecteur qui laissera un monstre en vie alors qu’il pouvait le tuer sera sanctionné. Je n’ai que faire des traités et des alliances que vous avez décidé de passer sur le terrain. Les protecteurs ont perdu suffisamment de membres pour ne plus se permettre d’être mous.”

Une frappe du poing sur le bureau et l’ambiance était clairement devenue morose. Entre ceux qui n’attendaient plus que ça et ceux qui craignaient pour la vie de ceux qu’ils avaient acceptés, la foule semblait perdue.

“Je ne veux plus que du résultat. Je me moque de la manière dont vous réglez ces problèmes. Ceux qui éliminent des péchés seront plus que récompensés. Ceux qui ne sont pas d’accord avec moi peuvent toujours quitter l’armée et se lamenter sur leur sort en solitaire.”

“Eh, t’as vu c’qui se dit ?”

Vegas, un soir de pluie, dans une ruelle pas loin de Fremont Street. Ils ont chacun une forme humanoïde, mais ils ne sont clairement pas humains. Deux monstres, qui attendent sûrement une proie.

“De quoi tu parles, encore.”

Elle est blasée. Lui a l’air surexcité par une nouvelle.

“Paraît que y’a un groupe de sorcières qui s’est formé. L’assemblée, qu’ils s’appellent. Et ils disent qu’ils acceptent n’importe qui tant qu’on veut aider à trouver l’remède.”

Personne autour d’eux. Elle soupire.

“Parce que tu crois à ça, toi ? Aux dernières nouvelles, tu n’étais pas franchement très heureux, quand tu étais humain.”

Il hausse les épaules et plisse les yeux pour regarder au bout de la ruelle.

“Nan, mais j’commence à en avoir plus qu’assez d’manger des gens et de d’voir me battre pour survivre ! P’tet qu’on a pas pris la bonne décision. En plus, y’a des gens qui disent qu’la Reine, c’est une sorcière aussi. Et qu’elle fait pas grand chose pour contrôler ses troupes, s’tu vois c’que j’veux dire !”

Une tape derrière la tête et elle le reprend rapidement.

“Ce ne sont que des rumeurs. Et est-ce que tu es en train de me dire que tu veux trahir la Reine ? Abandonner ta liberté ? Retourner à cette vie plate et inintéressante ?”

Il se gratte l’arrière du crâne.

“Nan, mais j’me dis qu’au final, p’tet qu’on devrait la quit-”

Elle a attendu trop longtemps. Il devenait trop dangereux, avec ses mauvaises idées. Alors sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit, elle l’assomme puis le consomme.

C’est ce que méritent ceux qui veulent lui prendre sa liberté.

La nuit est tombée.

Des bougies avaient été allumées à l’intérieur du Chalet, rendant à peine perceptible pour un œil extérieur le fait que des gens s’y trouvaient en ce moment même.
Dans la salle ouverte, derrière le grand comptoir, l’escalier descend en spirale, menant à une grande pièce - une très grande pièce. Ici tout est bien éclairé et les visages affichent bon nombre d’expressions différentes.
Olivia, debout au centre de la pièce, commence à parler :

“Je vous remercie de vous être tous déplacés. Vous le savez, bien mieux que moi pour certains, mais la situation dans laquelle nous nous trouvons, les combats, les monstres, la violence, tout ça n’aura jamais dû durer aussi longtemps...
Nous avons beaucoup discuté avec Baba et les autres représentants des coven. L’Assemblée doit mener ses propres actions et offrir un espoir trop longtemps mis de côté. Nous avons une piste, une piste très claire. De vieux textes, des fragments épars de savoir qui nous mèneront au remède. Au remède contre la malédiction qui créa les monstres.”

Elle marque une petite pause, laissant à son auditoire le temps de reprendre son souffle. Quelques murmures se répandaient dans la foule, certains visages s’étaient illuminés à la mention du remède.

“Ce remède nous permettra de les guérir, de leur rendre leur humanité. Ce remède nous permettra de mettre fin au conflit absurde qui dure depuis trop longtemps.”

Les gens s’agitent, trépignent, hochent la tête en signe d’approbation. Une partie d’entre eux à déjà pu étudier les textes ramenés par Olivia; ils savent qu’elle dit la vérité. D’autres n’ont de pensées que pour les membres de leur famille perdus à cause du conflit.

“Pour y arriver cependant, il me faudra votre aide. Toute votre aide. Nous avons des préparatifs à faire et, maintenant que la Sorcellerie est sortie de sa torpeur, nous avons aussi le devoir de trouver les Sorcières avant que d’autres le fassent. Nous devons agir vite, rester unis et garder espoir.”

Elle finit sa phrase avec douceur, sur un ton maternel. La vieille Baba pose une main sur son épaule et la félicite en silence. Tous la regardent avec conviction. Il est temps de mettre en place leur plan. Pour le remède!