Retour à San Francisco où ici est enfermé le corps de la défunte mère, six pieds sous terre. Cela fait déjà deux ans qu’elle est partie, par la racine elle mange les pissenlits. Daphne ne vient pas souvent, c’est le seul corps qui reste de ses parents, la seule mémoire :  ses ressources financières lui ont bien servies, elles ont été saignées, écrasée, défoncées. De l’argent, de ses pensées, de ses sentiments, des minutes elle est avare, cela faisait longtemps. Elle a mis une bonne journée à venir, mais bientôt la fête des morts va débuter et l’allure de la tombe est si pitoyable qu’elle s’est laissée rongée par la culpabilité, elle aimerait un peu lui donner un peu de joie, la raviver. Elle se confond dans la culpabilité d’avoir gaspillé tout cet argent : il a finit foudroyé.

Alors Daphne regarde le tombeau forgé dans le marbre. Jane Skott. C’est comme ça qu’on l’appelait, mais son nom d’artiste a été oublié. Il doit se mélanger encore sur quelques œuvres perdues dans le quartier artistique de Sedona, ou dans les maisons d’inconnus qui les expose sans se douter qu’elle réside aujourd’hui là.

Il n’y a rien d’artistique : juste une fin tragique.

C’est juste la maladie qui est venu la ronger.
Bouffée, elle fut obligée de mourir dans un lit hospitalisé,
Sans arriver à se sustenter, les métastases démultipliées,
Les voix respiratoires obstruées par les ganglions :
Ses chances de survies étaient résolues à une conclusion.
Un excès de souffrance dans sa déchéance.

La femme s’est ramenée avec deux pots de fleurs qu’elle porte contre sa poitrine. Son visage semble si placide, pourtant à l’intérieur, Daphne fulmine. Elle vient les déposer sur le rebord de la tombe qu’elle va nettoyer. Il faut bien prendre soin des défunts, il n’y a plus qu’elle pour s’en occuper, son père n’a jamais pris la peine de revenir, pourtant il a toujours prétendu les aimer. Cependant, il n’y a personne pour lui dire que c’est une faim monstrueuse qui l’a pris.