Après la réunion, il n'y avait qu'une seule chose à faire.
Pour Raphaël, il fallait collecter.
Les informations.

Mais pas que les informations.
Il fallait également collecter les ressources.
Et quelle plus belle ressource qu'un protecteur ?

Alors il a fait ce qu'il fait de mieux.
Il a serpenté, la nuit.
Il a utilisé l'un des siens comme d'un appât.

Viens par là, je te promets.
Les humains ne suivent pas le couvre-feu.
Ici, le repas est garanti.

Mais c'était un mensonge, et Raphaël le savait.
Un leurre, voué à renifler la trace d'un des guerriers sacrés.
Et c'est le renard qui a répondu.

Le renard a attrapé la poule.
La poule en a voulu à la vipère.
La vipère a pisté le renard.

Il a suivi, des heures durant.
Il a découvert le lieu de résidence.
Il a étudié son emploi du temps.

Et puis quand il a fallu, il a enfilé son masque.
Il fait exprès de lui rentrer dedans alors qu'elle a des sacs dans les mains.
Puis il lui offre le sourire le plus angélique qu'il possède.

"Excusez-moi !
Je regardais ailleurs.
J'espère que vous n'êtes pas blessée ?"

Il savait très bien ce qu'il faisait.
L'air un peu maladroit.
Comme si c'était lui la proie.

Elle sort du magasin, les bras remplis de sacs eux mêmes pleins de vêtements. A peine sortie dans la rue, un passant lui rentre dedans et Faith en lâche quelque sacs qui se déversent à terre. Le regard courroucé, elle secoue sa crinière et claque de la langue vers celui qui vient d'empiéter sur son espace vital. Elle le jauge du regard un instant et ne daigne pas lui répondre. Aucune mauvaise ou bonne prédiction pour aujourd'hui, il ne lui apportera rien de plus selon elle alors tant bien que mal elle se penche pour ramasser ses sacs tombés. Sauf que les bras déjà bien remplis, c'est difficile pour elle et ne voulant pas se montrer maladroite elle reprend sa position toute droite.

❝ Ai-je l'air si fragile que ça ? Par contre mes affaires ... Qu'allez vous faire si tout est déjà déchiré ? ❞

La renarde montre les dents et fait le gros dos. Elle aurait aimé passer son chemin mais hors de question pour elle de se baisser de nouveau devant lui. Elle le regarde sans cligner des yeux, oh c'est un beau garçon. Et dieu sait qu'elle aime les belles choses. Faith pourrait presque avoir envie de l'ajouter à sa collection de jolis objets ... Presque. Un humain ça parle trop pour ne rien dire. C'est pour ça qu'elle préfère rester avec des animaux ou des objets inanimés.

Elle pique.
Elle griffe.
Elle se défend.

Tout comme dans un combat
Comme si le renard tentait d'effrayer le serpent
Alors offrons lui ce qu'elle souhaite

"Pardon, pardon !
Dans ce cas là,
Ma faute se vera réparée."

Il sait bien que rien n'est déchiré
Pas plus elle que ses affaires
Il n'est pas né de la dernière pluie

"Je ne faisais pas attention
Ah, ça m'apprendra
Je peux faire quelque chose pour vous ?"

Lui donner l'impression du contrôle.
Se glisser autour d'elle
Puis la constriction

Il a l'air faible
Elle a l'air forte
Ils sont en plein milieu du chemin

Alors il s'écarte, laisse passer du monde
Passe une main à l'arrière de son crâne
Montre un air plutôt appeuré.

Oh Faith a une lueur qui s'allume dans le regard lorsque le jeune homme tente de se faire pardonner. Les humains ne sont pas bien intéressants et pourtant le prédateur s'éveille et le regarde attentivement. Son regarde voit une petite bête tremblante prête à fuir et pourtant son instinct lui souffle qu'elle a un autre compère devant elle. Dubitative Faith grimace en soulevant tout les sacs qui lui scient les doigts.

❝ Eh bien il faut dire que tout ceci est bien lourd. ❞

Elle n'ira pas lui demander, pour ne pas prendre de refus, ce serait trop pour son petit cœur. Mais après tout c'est lui qui l'a proposé non ? Oh et puis à quoi bon, elle se rapproche, rapproche, bien trop près, le nez presque à le toucher. Elle sent son odeur tout doucement et sans qu'il ne puisse le remarquer et lui plaque ensuite les sacs contre lui. Un sourire imperceptible sur les lèvres, elle redresse la tête vers son visage. Un joli garçon avec une odeur délicieuse.

❝ Bien, après tout ma maison est bien trop loin. Vous allez les porter. ❞

Ce n'est pas une question. Et puis après tout il ne pourra pas lui dire non si elle ne lui demande pas.

Elle profite
Elle l'examine
Mais elle ne voit rien.

Ses écailles le protègent
Celles qu'il porte sur son visage
Celles qui camouflent celui qu'il est vraiment

Il s'est lui même mis dans une mauvaise posture
Il lui doit quelque chose
Parce qu'il l'a décidé.

Alors vite,
Vite,
Il tend les mains pour récupérer les sacs.

"Est-ce que vous êtes loin ?
Je pourrais vous raccompagner,
C'est plus sûr."

Parce que le monde est dangereux
Parce qu'il ne doit pas lui montrer qu'il sait
Et qu'elle ne doit pas savoir ce qu'il est.

"Je m'appelle Raphaël !
Je suis vétérinaire à Las Vegas.
J'étais là pour quelques courses."

Il vient acheter sa confiance
Son contrôle
Son âme.