T’es si vivant, si joyeux, que t’en deviendrait presque magnifique. T’es la joie de vivre en cachet, le bonheur en bouteille, la sérotonine en pilule. Tu vis ta vie comme tu l’entends, pour n’avoir aucun regret, car c’est l’une des choses qui te fait le plus flipper. Tu ris jusqu’à n’en plus pouvoir, bois jusqu’à plus soif, baises jusqu’à en crever. Tu profites, profites, profites de la vie à t’en faire palpiter le coeur, à t’en faire trembler les membres, à t’en faire perdre la tête. Ta vie, tu la raccourcis un peu, chaque jour, à chaque instant, car tu cours après le temps, parce que t’as besoin de vivre de l’adrénaline, et de cette sensation terrible.

Plus jeune, t’étais un casse-cou fumeur, tu faisais n’importe quoi, n’importe quand, dépendant de cette sensation qui fait soulever l’estomac, qui fait battre le cœur, qui fait rompre l’âme.

Trop vite.
Trop fort.

Maintenant, tu cours à travers le danger, tu l’attends, tu l’appelles. C’est pour ça que t’aimes autant ton métier, parce que tu te mets au-devant du danger, parce que tu peux foncer tête baissée et aussi, aussi, parce que tu peux protéger.

Même si t'as l'air facilement abordable, il en faut du temps, pour briser ta coquille, pour arriver à se faire véritablement aimer de toi, pour que tu laisses tomber tes barrières, pour qu'on te connaisse entièrement, profondément, sans faux-semblants. En soit, Rory, t'as pas beaucoup d'amis, mais c’est parce que quand t’aimes, t’aimes inconditionnellement.

Après la mort de Marie, t'as un peu été au bord du précipice, mais t'as relevé la tête, et t'es redevenu toi-même. Quitter l’Irlande t’a autant aidé qu’enfoncé. T'as décidé de plus t'attacher, de fuir les gens, de fuir leur amour, ton amour si mauvais, si égoïste, si violent. Parce que ton amour est violent, Rory. Mais t'en as pas été capable, t'en as pas été capable et tu t'es attaché encore plus, tu as été amoureux de chaque personne qui est arrivé dans ta vie. T'as aimé, Rory, complètement, entièrement, infiniment. Parce que tu es fait pour donner de l'amour, tu peux pas faire autrement. Alors tu sais Rory, t'as le cœur sur la main toi, t'es lumineux, t'es un soleil, tu donnes tout ton amour sans compter. Tu aimes totalement. Chaque personne que tu aimes, tu l'aimes, sans compter, sans hésiter ; tellement que ça te brise le cœur, tellement que ça te ronge les sangs, tellement que t’en deviens resplendissant.

C’est terrible, terrible, mais tu sais, tu pourrais tuer pour les personnes que tu aimes, ces personnes qui ont ton amour, ta loyauté, ton cœur, ton âme même. Tu es prêt à détruire pour eux, à détruire le monde, à détruire l'univers, te détruire, te mettre à l’envers. C'est pour ça que ton amour est violent, c'est pour ça que ton amour est égoïste. Tu penses qu'à toi, tu penses qu'à eux. Qu'importe les autres, qu'importe ceux que tu n'aimes pas, ceux dont tu t'en fous. Rien n'importe à part eux, à part ces personnes pour qui tu donnerais ta vie, ces personnes pour qui tes mains deviendraient rouges, pour qui tu abandonnerais ton sommeil paisible pour le transformer en sommeil tortueux et cauchemardesque.

T'es loyal, serviable, altruiste.
T’es une armoire à glace. Quand on te voit, de loin, on flippe un peu, on te regarde, et on baisse les yeux. T’es plutôt impressionnant, et t’as souvent le regard froid, dans ton travail. C’est un peu quelque chose d’obligatoire, faut mettre de la distance, faut être grand, et fort, et pouvoir faire comprendre que si t’as envie de casser des têtes, tu peux. Et tu peux. Tu l’as déjà fait, avant. Tu le fais encore, maintenant. Parce que la colère est trop forte, parce que t’as besoin d’exploser, de hurler, ça t’arrive, souvent, de temps en temps. Tu sais pas trop quand. Parce que t’es mauvais, égoïste, violent.

C'est un peu comme si tu étais deux personnes totalement différentes, comme si ton toi maléfique, machiavélique, pouvait surgir à tout moment, seulement à cause d'une grosse colère, seulement parce que tu perds ton calme, seulement parce que tu n'es plus capable de te retenir. Parce que tu es quelqu'un qui ne garde pas son sang-froid, au contraire, tu t'énerves si vite, tellement vite. Tu es de ceux qui ont une colère brûlante, violente, qui hurlent, qui crient à n'en plus pouvoir. Oh Rory... quand tu es énervé, rien ni personne ne peut t'arrêter sans y laisser quelques bleus. Et ce qui t'énerve le plus, c'est quand les personnes que tu aimes sont blessés, sont détruites, c'est dans ces moments-là que tu rentres dans une colère noire et violente, brûlante et souffrante. Si c'est toi qui souffre, tu te tais et tu avales, tu te tais et tu acceptes, tu te tais et tu portes le poids du monde sur tes épaules jusqu'à exploser.

T'es méprisable et méprisant quand tu n'aimes pas quelqu'un. T'es méchant, sans valeur, quasi cruel lorsque l'on t'attaque ou lorsqu'on attaque les personnes que tu aimes. Ta méchanceté et ton mépris sont tes meilleures armes, autant que le sont tes poings. T'es rancunier, si rancunier, tellement rancunier Rory, ça en devient presque risible. Tu n'oublies pas quand on te fait du mal, ou quand on fait du mal aux personnes que tu aimes. Tu n'oublies rien, ne pardonnes pas, le pardon n'est pas quelque chose que tu donnes facilement, ce n'est pas quelque chose que tu donnes tout court, surtout.

Ah, Rory.

Rory.

Rory.

T'es loyal, serviable, altruiste.
Mais en vrai, en vrai, Rory-

Rory.

Rory.

Rory.

T'es surtout vil, méchant, rancunier, égoïste.

Tu es né à Dublin, dans une famille qui semblait être parfaite et joyeuse. Ton père est parti cinq ans après ta naissance, et t'as jamais vraiment pris de nouvelles de lui, il n'en a jamais vraiment pris non plus. Vous êtes un peu des inconnus, ce n'est pas vraiment ton père, finalement, plus un membre de ta famille éloigné, à qui tu ne dois pas grand chose si ce n'est la vie, à qui tu ne dois pas grand si ce n'est les cinq premiers Noël de ta vie, à qui tu ne dois pas grand chose, si ce n'est l'espace qu'il a laissé quand il est parti. Il s'est remarié, alors tu n'as jamais vraiment eu de nouvelles. Tu n'en donnes pas non plus et tu n'en ressens pas le besoin, tu n'as jamais ressenti le besoin de te rapprocher de lui, physiquement, mentalement. Ta mère, c'est Caitlin, ta sœur aînée, Marie. Vous avez vécu à trois dans une petite maison, éloignée du centre de Dublin, mais quand même accessible avec les transports en commun. Marie et toi, c'est des heures et des heures à jouer dans le jardin, toi, passoire sur la tête et arme en bois, jouant le chevalier servant venant sauver ta sœur, la princesse qui avait été enlevée quand tu étais encore un bébé. Marie et toi, c'est les parties de pokémon et de Zelda dans le salon, dans ta chambre ensuite. Marie et toi, c'est l'histoire la plus parfaite qu'il y ait jamais eu, et vos trois ans d'écart n'ont presque jamais existé. Vous étiez juste parfait l'un pour l'autre, comme si la différence d'âge n'existait pas, comme si vous n'étiez pas différents, et c'était parfait.

T'avais quatorze ans quand tu as appris que Marie était enceinte d'un petit con, que tu n’avais jamais aimé, jamais apprécié. T’as été là pendant toute sa grossesse, ce qui était pas le cas de l’autre, qui est parti, qui s’est enfui, qui a tout abandonné, alors que c’était lui qui a tout fait pour que Marie laisse tout tomber. Et tu as vécu chaque moment de la grossesse avec ta sœur et avec ta mère. Les nausées, les envies de bouffe à deux heures du matin, les crises de larmes, la peur, les premiers coups, les contractions, et c’est toi. Toi, qui étais dans la salle avec elle, à tenir sa main, à coiffer ses cheveux, et à lui murmurer à l’oreille : ça va aller, ça va aller…

Marie est morte en couche, laissant derrière elle ta nièce et filleule, Alana.
C’était le 7 juin 2012.

T'as eu les larmes aux yeux et le cœur au bord des lèvres. T'as pleuré des heures et des heures dans ton lit, sous ta douche, en tenant Alana dans tes bras, ou en allant frapper des sacs de sable. T’as pleuré, tellement, tellement, tellement. Et t’as été en colère. Tellement en colère. T’étais que ça, y’avait que ça qui marchait, qui existait, le seul sentiment. Y’a que Alana, qui arrivait à faire sortir d’autres émotions que celle-là.

T'avais quinze ans, et la vie te disait déjà merde.
Elle te faisait déjà comprendre à quel point elle était une chienne.

Vous avez quitté Dublin. Alana, ta mère et toi. Vous êtes partis, parce que chaque jour était une souffrance, chaque jour était si difficile, tu la voyais partout, partout, partout. Alors dès que vous avez pu, vous êtes partis pour les Etats-Unis.

Tu es proche de ta mère. Tu t'es rapproché d'elle après la mort de Marie. Vous n'aviez jamais été distant l'un envers l'autre, non, mais t'étais un peu con pendant ta crise d'adolescence pré-pubère. Y a pas grand chose à dire de ta vie avant les Etats-Unis, à part le fait que Marie t'entraînait avec elle dans ses soirées, avec ses potes, avec celle que tu regardais, observais, aimais sans oser la toucher. Y a pas grand chose à raconter, à part, que tu pouvais pas entrer dans les bars alors vous restiez sur les rues pavés, à boire des bières qu'elle avait réussi à choper : quatorze ans et déjà buveur ; ou alors, vous squattiez les docks et les maisons abandonnés. T'es amoureux de ton pays, Rory, tu adores l'Irlande, tu ne pourras jamais vraiment t'en passer, tu as cet amour pour ta patrie qui ne cessera jamais.

Ta vie aux Etats-Unis… ça a été dur. Très dur. T’as dû quitter ta vie, ton premier amour, essayer de laisser derrière toi tout ce que t’as toujours été, te reconstruire, reconstruire la famille, parce que t’avais l’impression que c’était ton rôle. Ta mère, Alana, qui allait les protéger, si ce n’était toi ? Le monde est trop cruel, il fallait que tu t’occupes d’elles, que tu les protèges envers et contre tout. Et t’as tout fait pour ça, t’as tout donné. Tu voulais gagner de l’argent, les protéger, physiquement -- et t’as appris, à te battre, à taper, à crier -- économiquement -- mais t’en avais pas besoin, pas vraiment, ta mère était blindée -- psychologiquement -- et finalement, c’était toi, qui en avait le plus besoin des trois. Les protéger de toutes les horreurs qu’elles pourraient vivre, encore, de nouveau. Alors t’as tout fait. Les petits boulots, pour mettre de côté, pour payer tes études, ton entrée à l’université, pour mettre de côté, parce que sait-on jamais. T’as appris à vivre seul, à t’amuser, à créer des liens, puis à les oublier, et t’as fait l’université, et t’as passé le concours, pour devenir flic, inspecteur.

Pour les protéger.
Pour te protéger.
Pour oublier,
Que t’étais un peu un raté.

• dates importantes •

13.05.1997 • naissance à Dublin, vers 3h du matin
00.12.2002 • départ du géniteur
00.01.2012 • découverte de la grossesse de Marie
07.06.2012 • naissance d’Alana • mort de Marie
00.08.2012 • déménagement à Los Angeles
00.09.2015 • entrée à l’université
00.07.2020 • diplômé
15.09.2020 • entrée dans la police en tant qu’inspecteur

Pseudo : j’en ai toujours pas, appelez moi zack, rory, ou comme vous voulez (vous devez m’en trouver un, on a dit)
ge : 28 ans, la vieillesse
Pronoms : elle/elle
Commentaire : et dire que j’ai dit en arrivant : un compte, parce qu’après, j’aurais pas le temps blablabla-. MAIS SINON, bah voilà, le retour de Rory (il me manquait TELLEMENT), du recyclage entièrement assumé. Mon TC s’appellera Achille, et Link sera sa gueule. J'ai vraiment aucune honte, j'vais débarquer avec 25 comptes et j'vais rien comprendre à ma vie.