Entre les filets de noirceur parsemés des néons éternels de la vie nocturne, dansent les ombres menaçantes qu’a vu le protecteur; une attaque féroce qui nul doute ne laissera qu’une seule âme au-dessus, victorieuse, conquérante, prédateur aux dents acérées sur sa pauvre victime innocente, qui ne survivra sans doute pas à cette rencontre fatidique… alors qu’en réalité, face à lui, ne se trouve qu’un gros chat des rues, malmené par la vie mais conquérant sur cette poubelle tombée au sol, éloignant la compétition féline de son buffet à lui seul.

Vainqueur certes, mais bien loin du monstre qu’il imaginait sans doute là.

En le voyant arriver de manière menaçante, la lance pointée sur lui-même et son repas qui ne vaut nul doute pas sa vie, le dos de la bête se courbe en un feulement désagréable avant de disparaître dans les profondeurs des ruelles, comme une ombre.

Sans doute comme l’ombre qui observe la scène.

Celle derrière lui, penchée bien au-dessus comme une tour- haute, statique, qui fixe de ses sept yeux le petit protecteur- ce qu’elle sait qu’il est, personne ne se balade avec une lance juste comme ça- pour le coup plutôt divertissant. L’ombre qui a entendu les bruits d’un peu plus loin et qui s’est approchée, pour le coup sans le moindre regret. L’aura bien peu lumineuse ne l’effraie pas, elle, même si la scène un peu ridicule lui donne des points en sa faveur ; Sybil reste une maman de ses petits monstres, à quelque part, quelqu’un. Quelqu’un avec une certaine moralité. La faiblesse sous toutes ses facettes n’est pas toujours une mauvaise chose, dépendamment du contexte.

Face à elle, du moins… parfois.

La colère n’aime pas viser trop bas. Les reflets des néons semblent l’éviter, alors qu’elle sait comment se cacher dans la nuit, silencieuse, la lune reflétant à peine sa peau rugueuse et les cornes bien en hauteur. Sa tête se penche sur le côté, alors que les sept fissures sur son crâne sont fixées sur l’aura, entre la curiosité et la moquerie sans trop de malice.


- As-tu vaincu le vilain monstre, petit CHAT ?


Les mots choisis volontairement, ça va de soi. Même pour Sybil, son ton est assez bas. Nul doute ne veut-elle pas attirer encore plus de petits avec des bâtons piquants pour observer la scène. Ou effrayer encore plus la population des chats errants du coin. L’un ou l’autre. Qui sait, en réalité ? Elle, elle s'amuse, tout simplement.