Rit fort, parle fort, vit fort - Têtue - Imprévisible - Sang Chaud - Bon Leadership - Hyperactive - Réfléchie - S’ennuie vite, mais étrangement patiente - Aussi gentiment menteuse que rudement honnête dépendamment la situation - Protectrice sélective - Fidèle - Émotionnellement pas douée - Méfiante, si méfiante - Agressive - Exubérante.

Une flamme n'est jamais qu'une brûlure, la colère n'est jamais que sa simple définition impulsive et spontanée - en jetant un simple regard vers elle, la colère lui est fort bien attribuée, si ce n'est que les réponses ne sont peut-être pas si simples. Elle est en réalité plusieurs facettes de son propre péché, qu'il soit chez elle une force ou bien ce qui la mènera à sa perte, plusieurs miroirs pour une même torche, de celle qui ronge la chair à la chaleur inattendue au beau milieu d'un hiver. Elle réchauffe autant qu'elle trouble, signe de la fin des tourments ou d'une hypothermie, dépendamment de qui vous êtes, de votre distance et de si vous êtes tout particulièrement combustibles ou pas. Car étrangement, elle a ce côté chaleureux, à quelque part : Chaleureux, mais dangereux. Celle de cette jeune femme qui vit ses émotions de vive voix, qui a cette énergie qui ne s'arrête pas, comme un feu de forêt en pleine expansion, aussi menaçante que visible de la lune. On entend d'abord sa voix, portante et passionnée, de celle pour qui chaque sujet vaut la peine d'être crié. Puis, on la voit elle, cette grande femme musclée, qui rigole ou qui se frustre, qui s’emporte ou qui observe sans le moindre mot… souvent, avant de s’emporter encore.

Difficile à dire, à quelque part, qui est réellement Sybil : Est-elle la femme ou ses émotions ? Peu importe qui contrôle le navire, elle agit comme une pirate et s’en sort relativement bien, brusque, imprévisible, mais pourtant pas forcément malveillante à chaque personne qu’elle croise, sauf la nuit. Si elle ne vous aime pas forcément de base, là encore, prenez pour acquis qu’elle ne vous aime pas, elle ne va pas non plus vous bagarrer à la moindre interaction. Enfin… sauf si vous le méritez.

Elle est un monstre, certes, mais elle n’est pas sotte. Généralement, comme une bête sauvage, elle garde ses distances. C’est une question de méfiance plus que d’agressivité et de haine gratuite. Là encore, sauf la nuit, mais le timing est fort important, ça va de soi. Elle est patiente, malgré son énergie qui déborde, car elle sait où la placer pour que ce soit efficace.

Si la colère est un feu, Sybil elle-même est d'abord et avant tout une cicatrice de brûlure mal vieillie, froide et éternelle, qui marque un corps au fer rouge et qui hante chaque pas, chaque décision, chaque regard au miroir. C'est cette envie de vengeance, ces rancunes, qui gardent la colère en vie bien plus longtemps que son penchant émotionnel, celui qui réagit, qui se défend- et Sybil n'a plus envie de se défendre. La Colère, celle avec un grand C, ne serait pas ce qu'elle est sans celle-ci, sans ce boulet qui la rend bien plus monstrueuse que de simples rages imprévisibles : C'est une colère qui réfléchit, qui a réfléchi depuis bien trop longtemps.

La rage est une chose. La haine en est une toute autre. Et Sybil ? Elle vous assassine avec les deux.

Pour certains, peu nombreux certes, c’est pourtant une amie de confiance, une alliée de taille et une protectrice acharnée, qui est tout autant le côté motivateur que destructeur de ce qu’elle représente, même si c’est malgré elle, même si elle ne sait pas trop quoi en faire. C’est ce pilier au milieu des vagues, une voix de la raison qui n’en a rien à faire du conventionnel, un bouclier malmené qui sait comment éviter les coups- et qui le fera à votre place, si vous en êtes dignes. Si vous n’êtes pas nombreux dans cette catégorie, une bête sauvage ne survivra jamais longtemps seule contre le monde entier; même elle le sait.

Ce combat ne se gagnera pas en solitaire, même si elle souhaiterait sûrement que ce soit le cas.

L’écho d’une berceuse, un murmure fractionné en de multiples flocons, la transporte ailleurs, là où son corps, de lui-même, ne lui permet plus d’aller aussi facilement qu’elle ne le souhaiterait. Un froid bien plus chaud que les hivers qu’elle a autrefois connus, un sommeil paisible qui ne laissera personne prisonnier. Elle se laisse porter par le vent, les pieds dans une neige qui ne lui gèle pas la peau, alors que ses flammes se calment, s’éteignent, pour laisser place à un paisible repos, qui la libérera lorsque le temps sera juste. Sans la laisser tourner dans sa propre fatigue, sans la paralyser lorsqu’elle souhaite partir, le juste milieu tant rêvé… en théorie.

Elle n’est pas certaine de qui la mène ici cette nuit. Pourquoi son échappatoire s'amuserait-il à raconter son histoire ? N’a-t-il rien de mieux à raconter, une quelconque meilleure idée ? Elle grince les dents, comme elle le fait bien trop souvent, avant de s’avancer dans la neige qui la guide vers une blague qui ne l’amuse pas, un scénario tordu comme seul un cerveau serait capable d’imaginer : Pourquoi ne pas tout revoir, encore une fois ? Paye ton sommeil réparateur, si elle voulait aller en thérapie, elle l’aurait déjà fait.

Les notes continuent, le vent la pousse, alors qu’elle râle, emmerdée par ce qui se passe. Finalement, la tasse de café aurait sans doute été un meilleur plan. Ou deux. Ou trois. Peu importe.

Ce qui la trouble sans doute davantage, c’est de voir tous ces visages flous. À 128 ans, c’est compliqué de s’en rappeler dans le moindre détail, si ce n’est les rôles facilement attribués. Dans les champs, avec elle-même et ses frères et sœurs, le grand homme travaille, donnant des ordres au plus petit comme un chef avec ses soldats : C’est lui qui mène la danse, le Forgeron qui tape les lames pour en faire des épées qui coupent bien, efficaces. Chaque petit travaillait, dès qu’ils le pouvaient, par manque de moyens, de personnel et de ressources pratiques. Ils étaient, au total, douze dans la fratrie; aussi soudés que ceux pour qui le monde ne se limite qu’à eux-mêmes contre le monde entier. Enfin, il y a toujours eu de la compétition, mais rien de bien grave en soi. Si le grand homme n’a jamais été dans la douceur… non, il n’a juste jamais été dans la douceur. Il n’y a pas de fin à cette phrase.

Puis, ce bâtard a eu l’audace de crever comme une pierre jetée au fond des abysses. Si maintenant, la mort est une formalité pour s’assurer de manger, quelque chose qui ne la choque plus, à cette époque, la gamine ne connaissait pas vraiment le concept, si ce n’est que les gens sympas rejoignent l’Homme là haut et que les méchants allaient brûler pour l’éternité. Maman semblait beaucoup l’apprécier, lui, l’homme du ciel : disant comme quoi il était bon, qu’il allait tout arranger, alors qu’il n’a jamais rien changé. S’il existe, c’est un bâtard, lui aussi. Quoiqu’il en soit, s’il est mort de blessure, maladie ou autre détail, Sybil n’en a pas la moindre idée. Elle ne se souvient que d’une chose : Il est mort la nuit, le dernier repos de sa vie. Sans doute le premier, aussi.

Il faut croire que la vie n’aime pas c’qui n’a pas de fin, c’est sans doute une assez bonne raison.

Une tempête monte, l’engouffre dans une spirale d’images sans fin qui lui rappellent qu’un monstre ne se réveille pas qu’en une nuit, bien loin d’être une tempête de neige. Les flammes se lèvent, son sommeil de nouveau agité, perturbé.  Elle voit la seule au visage clair, la seule qu’elle arrive à discerner parmi la foule, au visage tout sale et démoli alors qu’elle doit bosser dans les champs comme si sa vie en dépendait… parce que c’était le cas. Sans lui pour apporter le plus gros du travail, c’était à maman et aux enfants de tout faire, avec un revenu en moins pour nourrir les bouches.

Puis, elle a enfin compris la première leçon qui lui servira toute sa vie : Tout le monde est un monstre, dépendamment dans quel contexte tu l’enfonces jusqu’au cou.

Les gamins qui se battent entre eux pour être ceux avec la meilleure assiette au repas, elle s’en rappelle beaucoup trop. Les plus utiles, plus forts, plus débrouillards; souvent les fils, peut-être parce que l’Homme en haut l’a décidé, ça aussi, même si ses sœurs et elle faisaient tout autant d’efforts. Les récoltes, ça allait à la vente, pour avoir l’argent d’eux-mêmes acheter ce qu’il fallait- la plus grande ville à côté surveillait bien assez pour que cet accord ne soit pas brisé, c’était bien le seul regard qu’Elle leur accordait. Ça se battait dans les champs pour s’assurer d’être le premier, ça battait ceux qui volaient des récoltes, comme des hyènes autour de la même carcasse- quand les plus faibles commencèrent à tomber comme des mouches au fil des mois, années, minutes, heures, secondes, le ton a vite changé : Ce n’était que question de survie, maintenant. Épuisement, blessures, maladies, choisissez votre poison… tant que ce n’est pas du vrai poison, c’n’était clairement pas dans le budget.

La maman stressée et épuisée qui hurlait sur tous et chacun pour le moindre faux pas, qui continuait de chuchoter au bâtard du ciel pour qu’il vienne en aide, à dire aux gamins épuisés que tout irait bien. Il n’est jamais venu. Évidemment. Y’a plus rien qui n’irait bien.

Personne d’autre n’aidait, non plus. Les voisins étaient à des kilomètres, eux aussi trop pauvres pour espérer être d’une quelconque utilité. Les gamins en venaient même à aller vers les terrifiantes villes pour chercher de quoi vivre - et à part des regards hautains ou pressés, ils n’ont eu que des regrets et une impression que le monde n’en avait réellement rien à faire à ajouter à leurs assiettes.

Deuxième leçon : Tout le monde est un monstre. Tout court.

Sauf une, une seule, qui s’est démarquée de la foule, à un moment où à un autre… la seule qui était, au final, réellement un monstre. La première à voir en cette ado pleine de crasse et de sang sur les mains, celle qui se cherchait du boulot et de quoi manger dans les villes qui l'effrayait, quelque chose de tout simple mais dont elle n’avait jamais vécu la sensation de le voir en soi-même :

Du potentiel.

Et c’est ce jour-là que la jeune demoiselle abandonne les siens pour devenir un monstre, comme tous les autres : un monstre qui n’a que trop vu que tout le monde en est un, à quelque part. Il faut juste s’assurer d’être le plus fort pour compenser. Si elle a suivi ses pas quelques temps, elle a vite quitté pour causer des ravages en Amérique, en restant le plus loin possible des villes en journée pour ne pas être embêtée en tant que femme célibataire. Elle préférait être un monstre, du coup.

Puis, les flammes se calment, la tempête disparaît, laissant place à la douce neige à nouveau, aux notes assoupies : alors qu’âgée de 36 ans, elle rencontra son compagnon qui allait la suivre partout pour la continuation de sa vie, Morozko. Un vent froid au lieu des flammes, un compagnon de confiance et fort utile. Un accord fut passé entre les deux, puisque chacun avait à apporter à l’autre, entre autres. Puis, 5 ans plus tard, ils devinrent les nouveaux péchés de Paresse et Colère, les détails de cette ascension sont confidentiels et peu importants. Le rêve passe dans un tunnel. Allô ?

Ah, oui. Il restait quoi, à l’histoire, là ?

Un réveil en sueur, apparemment, alors que Sybil, bien loin de la gamine du passé, est bannie de force en dehors de la tempête de neige, vraiment perturbée à propos de son rêve à moitié éveillé. Endormi depuis longtemps, la mélodie ne vole plus, mais la magie reste présente, ce qui la calme au fil des respirations. Après un doux baiser sur la tempe de son compagnon, son quota de douceur pour le mois probablement, elle retourne se coucher, en espérant que les choix scénaristiques la laisseront dormir en paix cette fois-ci.

Pseudo : Lyzwen
Âge : 21 ans
Pronoms : Elle
Commentaire : KOLAIRE