Malgré une arrivée au monde au mauvais moment et au mauvais endroit, Raquel a réussi à se départir de cette part sombre de son identité. Elle n'est pas devenue cette voyou qu'on espérait qu'elle devienne, ni cette idiote à gros bras juste bonne à soulever des palettes dans un entrepôt de transit d'Amazon. Elle est devenue ce qu'elle a toujours voulu être : une femme indépendante qui puisse aider les autres à devenir à leur tour maîtres de leurs choix. Vertueuse et loyale, aventurière et créative, ses traits sont autant de parallèles à ce qui au final, l'a amenée à devenir la Paladin Perceval.
Cependant, Raquel a beau avoir le coeur sur la main, être bienveillante avec autrui, sa franchise et son caractère bien trempé font qu'elle en impressionne plus d'un et se montre radicalement violente et blessante avec toute personne brisant sa confiance, ou bien mettant en branle l'équilibre fragile entre raisonnable et déraisonnable. Il en résulte qu'on la prend pour une brute épaisse qui n'aime pas avoir tord (ce qui est vrai dans le fond), ou une rabat joie. Alors qu'en vrai, c'est une fêtarde. Tous ses employés, ainsi que les membres du F.E.A.S.T l'adorent. Sans doute parce qu'elle est entière, qu'ils savent qu'ils peuvent compter sur elle et qu'elle est là pour les guider vers la bonne voie.

"Tu verras, Raquel, un jour tu seras amenée à faire de grandes choses"
C'est ce que ma mère se tuait à me dire chaque jour durant, dès lors que j'ai eu la capacité de cogiter ne serait-ce qu'un peu et comprendre ses mots au delà du simple "maman" et "pipi". Là, entre ces quatre murs d'appartement vétuste, où le chaud comme le froid allait et venait comme bon lui semble parce que toutes les enclavures n'étaient plus isolées. Je côtoyais même les araignées et les champignons, de mon réveil à l'heure où j'arrivais enfin à m'endormir. Sauf qu'évidemment c'était pas ça le pire : c'était les coups de feu. Les coups qui partent, et qui te font te demander si ça va transpercer le mur ou la vitre, qui déjà a dû être renforcée avec des pauv' planches en bois.
Mais je me décale du sujet principal. Moi, c'est Raquel Montoya. Ma mère m'a eu avec Dave Montoya, l'un des gros pontes des gangs mexicains. Elle arrêtait pas de dire qu'il était beau, charmant, qu'il lui avait promis de lui faire vivre la belle vie quand ce serait le moment. D'ailleurs elle avait été si contente de le voir, le jour de mes trois ans, qu'il me fasse ce tatouage pour dire qu'enfin j'étais une vraie Montoya. Sauf que j'avais beau être jeune, j'étais pas non plus complètement conne. Le six sur ma joue, là, c'est juste pour dire que je suis la sixième bâtarde qui est née des couilles de ce coureur de jupons. Ouais je l'ai un peu mauvaise de ce mec que j'ai pas connu au demeurant. Il a mis la tête à l'envers de ma madre, et pour que dalle ... vu qu'elle est morte en l'attendant. Balle dans le dos, bonjour au revoir, que le bon dieu te sanctifie, Amen.

Je me suis donc retrouvée sans famille, ou presque. Parce que dès lors que sa soeur, immigrée depuis le temps en amérique a vu que j'étais vivante, elle s'est dit que ce serait pas mal de me ramener là bas en faisant en sorte de m'adopter. Bon je suis un peu revêche et pas vraiment reconnaissante, alors qu'elle m'a apporté stabilité, éducation, un toit pas branlant au dessus de la tête en me ramenant à San Francisco. J'ai vécu Oceanview, en aidant la tia à l'épicerie qui s'trouvait en bas de chez nous. Il y avait aussi un groupe de motards que je fréquentais beaucoup, vu qu'ils étaient des réguliers pour les tamales de ma, disons le comme ça, nouvelle daronne. Je les fréquentais parce que plus j'entendais les moteurs vrombir, plus je les voyais se dresser fièrement sur ces destriers de métal et d'huile, plus je voulais aussi être comme eux. C'est là, avec l'aide de Willy (alias le Chiro), que j'ai commencé à toucher pour la première fois à la mécanique. C'était pas facile vu que j'étais pas du tout au courant des différents composants qui pouvaient faire en sorte de faire rouler ces machines. Mais avec pas mal de railleries, de l'obstination et les conseils de Willy (plus pas mal de tapes à l'occiput), j'ai réussi à retaper une de leurs vieilles moto, qui au final est devenue ma première. Parce que bon, depuis, il y en a eu d'autres, et comme les humains à un moment, la mécanique déraille pour de bon et ça meurt. J'étais du coup pas dans l'optique de devenir la prochaine présidente des Etats unis, et encore moins une championne olympique de soulèvement de poids (même si je me débrouillais pas mal 'faut dire). Alors j'ai pas fait de grandes études, ni vendu mon fion pour une bourse. J'me suis montée dans le local attenant à l'immeuble de tia mon garage et puis voilà.

Bon comme tout départ, c'était pas la joie. Puis, 'faut dire ce qui est, les mecs à grosses bagnoles ils ont les cojones qui enflent quand ça coûte cher leur truc qu'ils appellent plus "bébé" que leur propre meuf. Du coup une femme qui met la main dans le camboui et qui fait des miracles ça leur semble pas possible. Alors j'ai été une grosse conne quand j'ai commencé à avoir mon carnet de clientèle, un local plus grand et la possibilité d'embaucher : on est trois meufs à la méca' cont' un mec, avec une d'elles qu'est spécialiste du covering et qui s'appelle Morigane. Durant le temps que ça monte aussi, j'ai commencé à m'investir un peu plus dans les problèmes de mon quartier. Voyez, c'est pas rose pour la jeunesse, tout ça. Et y'avait que dalle pour les aider à ne pas faire les cons avec leur vie. C'pour ça qu'avec des gens qui voulaient changer un peu les choses, de construire ce qui va devenir le F.E.A.S.T. Du coup je suis une des fondatrices du projet, et je suis toujours engagée dedans, vu que je reste aussi une médiatrice dans le quartier et que je m'occupe des activités sportives qui sont proposées au centre.

Mais au milieu de tout ça, j'ai pas parlé de ce qui fait qu'aujourd'hui, je suis pas juste qu'une humaine normale. En fait, j'étais complètement bourrée un soir et pas très sympa, 'pis j'ai vu un mec se battre avec un truc que j'arrivais pas à distinguer dans le flou. Et comme ils se battaient sans me voir, ça m'est revenu sur la gueule, j'ai hurlé qu'ils devaient aller se faire foutre et paf. C'est parti tout seul. Je suis devenue toute dure, le truc pouvait pas me mordre, et en plus je lui avait foutu une baffe qui l'avait envoyé cinq mètres plus loin. C'là qu'on m'a recrutée en me parlant du souffle, que j'avais un truc secondaire (qu'au départ j'ai cru que c'était comme une maladie pas trop grave vu que c'est secondaire), qui me rendait un peu unique. En fait, j'ai ce qu'on appelle le souffle du métal, et ça me rend encore plus forte quand je tape avec, puis que j'étais une aspirante protectrice. J'avais quoi ? 23 ans ? Du coup ça fait un moment que je suis protectrice, mais j'ai jamais vraiment voulu me la jouer comme certains avec leur "gngngn regarde je suis entraîné depuis que j'ai 5 ans, je suis trop fort et trop privilégié" ou "regarde, j'ai un passé trop genre Dark Sasuke, je vomis ma mélancolie sur une musique de flûte japonaise parce que je suis un héros incompris". Je suis une meuf qui a des pouvoirs et alors, j'en fais pas un foin ? J'apprends, je m'entraîne, j'aide les autres, je fais mon job j'ai pas besoin de me faire pousser une jambe supplémentaire. C'est ptet' ça qu'avait plu au Perceval de l'époque aussi, Campbell, vu qu'il m'avait pris sous sa coupe. Puis celui qui l'a remplacé quand il a décidé que son surnom de vieux faisait que là ouais, il était vraiment vieux, je l'ai jamais piffré. Je sais pas trop en fait, il a toujours été un peu ... comme ce que j'ai décrit plus haut. Puis le fait que j'ai jamais compris pourquoi Campbell avait cru que c'était un choix. Je dis pas que j'étais celle qu'on devait nommer hein, mais l'autre tocard qui en plus laissait de côté ses apprentis, avait la flemme et comptait fleurette avec son écuyer ... La preuve, il est mort comme un gros tas après la fin de la trève. Comme Campbell, d'ailleurs.

Donc on est venus me voir au bout du compte en disant que je devrai ptet prendre la place, alors qu'on m'avait foutue là où on pouvait pour pas perdre mon potentiel. Et me voilà avec le rôle de Perceval maintenant. Le truc c'est que je vais devoir à un moment savoir ce qu'on met en place avec les autres paladins, parce qu'on est pas là pour enfiler des perles non plus. Il y a du monstre à calmer.

Pseudo : Hipponoé
Âge : 30 ans
Pronoms : Elle
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