Chaotique, colorée, une véritable génie aux idées douteuses, Cadenza est, comment dire... spéciale. Véritable rayon de soleil qui se voit à des kilomètres de par ses habits toujours plus colorés, c’est une idéaliste au grand cœur qui aspire à rendre le monde plus beau, tant qu’à y être, surtout pour ceux qui l'aiment assez pour la suivre dans son chemin à la cadence rapide. Plus beau, ou plus rigolo ? La ligne est mince, mais l’humour est une bien belle mélodie lorsque jouée correctement, et au bon moment. Pas de bol, elle a quelques soucis au niveau du timing, mais elle y travaille.

En tant que gamine de riches, elle sait jouer du piano et du violon, aussi, mais c’est compliqué de raconter des blagues en clé de sol, vous voyez.

On lui reprochera souvent de ne pas prendre le monde au sérieux, ce qui ne serait pas totalement faux. Cadenza aime s’amuser, quitte à avoir l’air totalement ridicule et irresponsable. Pourtant, ne vous arrêtez pas à cette première image; c’est une demoiselle très futée, qui sait ce qu’elle fait, concentrée lorsqu’elle le doit, sérieuse lorsqu’il le faut. Juste, ce qu’elle fait, c’est un robot lampe qui se ferme automatiquement à partir d’une certaine heure et qui hurle “JE DORS” si l’on tente de le rallumer avec la voix de Cadenza sous auto-tune. Si de base c’était une tentative pour dormir plus tôt… Bon, disons simplement que la bonne intention ne fut pas suffisante.

Cadenza fait des choses impressionnantes en des temps records; si on évite d’analyser le taux de ridicule dans le résultat, les techniques appliquées sont remarquables. Travaillante et plutôt modeste malgré tout, elle sera fière de ses projets sans trop en faire de vagues, en ayant déjà commencé un autre de toute manière, et vous les donnera même en cadeau sans arrières pensées si vous les aimez à ce point. Ne lui demandez pas de vous expliquer comment elle a fait, elle a parfois du mal à lire ce que vous voulez vraiment lui dire et va vraiment vous expliquer. Non, vous ne comprendrez rien. Non, elle n'arrêtera pas, non plus.  

Tout va vite chez elle, le temps lui-même a du mal à suivre- ce qui fait que madame n’a aucune notion du temps lorsqu’elle se tient occupée. Pas de bol encore, madame est une workaholic incapable de se mettre des limites et de se reposer, ce qui rend la chose compliquée. Lorsque Cadenza ne travaille pas, Cadenza travaille, ou se divertit d’une quelconque manière, toujours en quête de stimuli, de quelque chose pour la tenir occupée. Avec son énergie qui déborde, on croirait presque que tout doit être propre chez elle, à force de toujours vouloir faire quelque chose, sans doute le taux d'énergie parfait pour avoir des pics spontanés d'envie de ménage. Non ?

Hahahaha. Non. Comme son train de pensées, sa vie est un désordre permanent. Sauf son atelier. Elle aime son atelier. Il est beau, propre. Pas touche à son atelier.

Cadenza aime les gens, en même temps de ne pas trop savoir quoi faire avec eux. C’est ce genre de personne peu à l’aise qui apprécie tellement discuter qu’elle a l’air d’être à l’aise, mais c’est un mensonge. Elle n’a aucune idée de ce qu’elle fait. Elle fait de son mieux pour bien paraître, à sa place dans ses chaussures, comme un pilier parmi les vagues sur lequel on peut compter. Elle protège, elle s'assure que tout se passe bien, négligeant un peu trop souvent de regarder dans le miroir pour s'assurer que tout va bien, là aussi. À force de toujours être occupée, elle oublie à peu près tout. Manger, dormir, quand arrêter, quand relaxer, si c'est une personne généreuse et attentionnée qui tapera sur les doigts de ceux qui se négligent eux-mêmes, la réflexion interne ne se rend pas à bon port.

Cadenza, c'est une grande indépendante, du moins, c'est ce qu'elle dit, et pense. Mais à force de prendre soin des autres, qui prendra soin de toi ? Elle n'y pense pas, à ça. Pas de réflexion interne, on a dit. C'est pas drôle, ça.

N'y a t-il pas déjà assez de mal dans la vie ? Elle croit que oui. Pas besoin d'en rajouter.

Cadenza était une bien heureuse enfant. Un beau début d’histoire comme tant d’autres, un joli conte de fées sur un plateau d’argent.

Ses parents étaient riches. Riches, très, assez pour ne manquer de rien et avoir suffisamment en surplus dans les coffres, jamais dans la peur d’en manquer. Assez riches pour qu’elle ait, dès son plus jeune âge, des tuteurs privés pour lui apprendre des tas de choses de la meilleure manière possible. Des attentes ? Oui, évidemment. Même si tout n’était pas que pratique : son côté des Di Angelo ne manquaient pas une occasion pour gâter leur unique enfant, précieuse petite perle au beau milieu de l’océan. S’ils n’étaient pas très souvent à la maison, de par leur travail, ils trouvaient toujours le moyen de lui accorder tout le temps qu’ils pouvaient, dès qu’ils en avaient.

Pas très souvent, donc.

Malgré la solitude de leurs absences fréquentes, elle n’était jamais vraiment seule, avec la famille rapprochée toujours là pour l’accueillir, à défaut de ne pas vouloir la laisser en permanence avec des nounous. Grands-parents, oncles et tantes. Elle adorait visiter la famille, bien qu’ils n’étaient pas beaucoup de son âge avec qui elle pouvait jouer. Le plus jeune de ses autres cousins avait au moins 10 ans de plus qu’elle ! Bon, 9. Presque. Ce qui ne l’empêchait pas de le suivre comme un pot de colle dès qu’elle le voyait et de le forcer (à peine!) d’écouter ses films préférés (en boucle) avec elle ou de jouer avec ses poupées.

Elle l’adore, et c’est encore le cas aujourd’hui.

Cadenza adorait s’imaginer ce que ses parents pouvaient bien faire lors de ces longues périodes de temps passés si loin. Elle s’endormait en se racontant à elle-même les histoires de leurs exploits imaginaires, d’héros avec des épées comme des gardiens de l’espace en vaisseau spatial, comme elle n’en avait en réalité pas la moindre idée. Un mystère gardé précieusement qui nourrissait son imagination de jeune enfant.

Ils riaient, bien qu’elle ne se doutait pas qu’elle visait bien plus près qu’elle ne le croyait.

Toute sa famille, en réalité, avait cet aura de mystère qui les entourait, peu importe à quel point elle les harcelait pour savoir, il n’y avait personne pour tout raconter à l’enfant, ça tournait autour du pot avec des histoires pleines de logique, simple et efficace. Mais c’est nul la logique ! Ça n’arrêtait en rien ses efforts. Un jour, elle allait tout savoir !

Tout.

Une nuit, Cadenza s’est réveillée dans les bras de son père, son père qu’elle n’avait pas vu depuis des semaines, des bras chaleureux mais blessés, paniqués, une voix occupée, distante, au téléphone avec des gens, appel après appel, en chemin, dans la voiture, les valises déjà prêtes pour un voyage que Cadenza ne comprenait pas, l’aéroport, l’avion, le plus long trajet de sa vie, lourd. Quitter l’Italie, quitter la famille, il fallait partir. Mais pourquoi ?  

Papa, où on va ?
Pourquoi tu as mal ?
Papa, où est mama ?

Une chose est sûre, c’est qu’elle ne l’a jamais revue de sa vie.

Cadenza avait six ans.

Arrivés aux États-Unis, où ils se sont très vite installés grâce à des contacts bien placés, papa n’est plus jamais sorti pour son travail. La routine devint autre chose, mais une routine quand même, eux deux restaient forts, ensemble, soudés. Parfois, la famille d’Italie venait visiter. C’était ses moments préférés- son coeur est toujours resté avec eux en Europe. Elle sentait que pour papa, c’était pareil. Depuis son arrivée… c’est bizarre, mais il a l’air d’avoir peur. À sursauter, observer par-dessus son épaule à chaque tournant, il n’en disait rien, mais elle savait.

Si elle ne connaissait pas les détails de la disparition de mama, elle savait que quelque chose clochait. Plus elle vieillissait, plus elle sentait que les “explications logiques” à ses questions ne faisaient ni queue ni tête. Il manquait des pièces à l’histoire. Elle voulait savoir, mais personne ne voulait bien lui répondre, tout était flou, et l’enfant n’était pas idiote.

Un jour, elle saura.  

Fracas, chaos, cachée de force dans l’armoire, lors d’une autre nuit  - Cadenza a quatorze ans. Elle entend des bruits, ça se bats, ça crie, mais elle ne peut pas crier, non, non. On lui a dit de rester silencieuse. Une bête est entrée, a tout cassé. Un monstre, un vrai, comme ceux des histoires, c’était donc cela qu’on lui cachait ? Mais il était trop tard. Ça n’arrête pas. Plusieurs voix, des nouvelles, des anciennes.

Silence. Plus rien. Puis, des pas. Le monstre a mangé papa, le même qui avait tué mama, nul doute. Un némésis, une rivalité depuis des années, il les a ainsi pourchassés, retrouvés- avant que tous ne soient tombés. Lui y compris.

Cadenza a pleuré dans les bras qui l’ont sauvée de l’armoire, jurant entre ses sanglots au fil des semaines, des mois, de protéger à son tour, comme il l’a protégée elle, comme ils l’ont protégée alors qu’elle ne savait rien. Lorsqu’elle serait grande, elle allait faire comme lui, comme ceux qui sont tombés avant elle. C’était son devoir, son héritage. Ils ne seront pas morts en vain, pas tant qu’elle vit encore.

Son passé, elle n’en parle pas trop, aujourd'hui; peu d’intérêt. Nulle envie d’être une tragédie, quelqu’un qu’on pleure, elle n’est pas là pour ça. Il est difficile à discerner dans ses prunelles, dans ses rires- mais Cadenza n’oublie pas.

Vous n’avez simplement pas besoin de le savoir.

Pseudo : Lyzwen (Sybil)(KOLAIRE)
ge : 21 ans !
Pronoms : Elle | She/Her
Commentaire : LA KOLAIRE DU ZAPZAP