Tu cours, à bout de souffle mais pas d'envie, ta respiration lourde mais ton souffle si léger, tellement que tu as l'impression de t'envoler.
Car tu vas chasser mais pas seule. Non, tu vas chasser avec celui qui omnibule tes pensées. Celui qui fait battre ton petit coeur d'adolescente, peut-être encore trop innocente.
Alors tu cours, ta batte de baseball dans ton dos, prête à éclater d'autres monstres comme vous le faites si bien ensemble. Prête à tout défoncer, à t'amuser comme jamais. Car les chasses, à cette époque, avait encore le goût de joie.
Pas vraiment prises aux sérieux, car tu ne te souvenais même pas de ton paternel emporté par ces derniers.
Oui, un goût d'innocence si prononcé, car tu n'avais encore jamais perdu d'être aimé.

"Fye !"

Son nom à peine prononcé, voilà que ton coeur fait une embarrée, plus ou moins marquée alors que tu manque de te ramasser, glissant dans une flaque n'ayant pas encore été absorbée.
Tu ris de ta propre bêtise, t'étant rattrapé in-extremis au bras de celui qui fait chavirer tes pensées.

"Wiah ! Désolée !"

Un rire un peu embarrassé, qui n'a pas vraiment sa place aux lèvres d'une presque policière, aux yeux d'ambre dorée, mais au coeur de lionnesse expérimentée. Déjà habituée à tuer, ça tu l'es. Sans vraiment le réaliser. Sans te rendre compte du poids de tes embardées. Des foyers que tu as probablement brisé en comptant innoncemment ces monstres que tu as éliminé.

"J'suis là ! Prête pour une autre chasse capitaine !"

Nouveau rire presque insolent face au pêché que vous vous apprêter à réaliser. Un regard doux, mais luisant de curiosité. Envie d'en apprendre plus sur l'être qui occupe tes pensées.

"Dit, j'ai entendu que ton petit frère venait d'arriver. C'est une bonne nouvelle ou bien t'as besoin de te défouler ?"

Demandeuse d'informations sans pour autant pousser à la révélation. Tu n'as pas de fratrie toi, pas de point de comparaison. Serais-tu heureuse si ton frère d'une lointaine maison te rejoignais dans un pays inconnu ? Probablement. Mais tu avais appris à ne pas te fier aux apparences. Elles pouvaient être trompeuse. Alors peut-être que ce frère était de mauvaise augure. Tu ne l'avais pas encore rencontré, il venait d'arriver après tout. Mais tu en avais déjà entendu parlé. Le mot va vite, entre les protecteurs.
Alors tu quémande des informations, tout en faisant attention à ne pas lui prêter trop d'importance. Après tout, c'était son aîné qui rythmait le flot de tes pensées.

Les pas qui foulent la terre humide, tâchant de boue tes semelles déjà crasseuses. Les cheveux au vent, la respiration qui s’emporte sous les houles légères. J’ai le sourire aux lèvres à te voir si pleine d’entrain. Un si petit gabarit qui s’enjaille d’éclater des boîtes crâniennes à coup de batte. Ça m'amuse et m'attendrit à la fois. Même si j’admets avoir parfois, un peu peur pour toi. Mais je sais très bien que je me prendrais moi aussi un de tes swigs si jamais j’osais le dire à haute voix.


Le rouge vif te mange les joues alors que tu arrives à ma hauteur...et que ton pied dérappe, t’entrainant dans une chute quasi certaine. De justesse, tu te rattrapes à mon bras, t'épargnant un sacré coup au coccyx. Éclatant d’un rire franc, je t’aide à te remettre debout, passant une main affectueuse dans ta chevelure dorée.


▬  Hahaha !! Doucement Arrows, on a besoin de toi entière pour nettoyer la zone. Je me penche, approchant mon visage du tien, un sourcil levé et le sourire un brin narquois. Entre pouce et index, je viens tirer l’une de tes joues. Mais j’apprécie ta ponctualité. Et ton enthousiasme.   Et je me redresse, regardant l’horizon pour me rappeler le chemin à prendre. Mh ? Je t’écoute, l’air qui se rembrunit un peu avant que tu ne termines. Je ne sais pas qui sont tes sources, mais tu es bien informée. Ezechiel vient d’arriver. Tsss. Encore et toujours dans mes pattes, ce petit. J’ignore ce qui le ramène encore prêt de moi. S’il me sort “bro tu me manquais tellement que-” je jure de lui en coller une.


Le regard encore perdu au loin, mes lèvres s’étirent sous l’ombre d’un sentiment carnassier. Ouai, t’as raison. Je tourne la tête vers toi, pose mes yeux pétillant de défi dans les tiens. J’ai besoin de me défouler.


Un peu étrange de dire que l’arrivée de son frère motive à certaines pulsions meurtrières. Mais après, tout, ce ne sont que des monstres. Et Ezechiel a toujours eu le don de titiller un sentiment revêche en moi. J’aime l’emmerder à hauteur qu’il piétine sur mon chemin.


▬ Je me demande ce qui l’a motivé à venir. Enfin, venant de lui, je ne dois pas m’attendre à grand-chose. Je ricane salement, c’est toujours un bonheur de t’emmerder, Eze.  Ah, j’ai l’air d’un horrible frangin dit comme ça. Disons que j’ai… quelques rancunes… Et que tabasser quelques monstres pourrait bien me servir de thérapie. J’espère que tu es prête, Lex ? Je ne compte pas m’arrêter. On prend vers l’ouest sur 2km. Je m’apprête à m’élancer, pivote une dernière fois vers toi. Ah, et tâche de ne pas glisser. Je compte sur toi. Un sourire surmonté d’un clin d'œil et je m’élance dans une course s’étendant sur les deux kilomètres évalués.


Nos pas se stop quelques minutes plus tard. Et le voilà présent, dans sa forme horrible. Ah non, ils sont deux….non trois. Ca grouille de pourritures ici. Trois pour une seule victime, là bas, adossée à un mur. Waouh franchement très courageux.


Un coup d’oeil sur le côté dans ta direction, Lexie, et je tire mes dagues, lesquelles viennent briller de l’aura de mon souffle.


▬ Les femmes d’abord.


Et j'attendrai de te voir t’élancer, pour t’accompagner dans ce concerto sanglant.

Tu ris à ses mots, te mettant à trottiner à sa suite.

"C'est partiiiit !"

Ta batte dans une main, tes rangers aux pieds, les joues encore rouges d'avoir été rattrapée alors que tu lui demandes lors de votre course, puisqu'il a besoin de se défouler.

"T'as pas l'air d'un horrible frangin, t'inquiètes pas. Je me souviens de comment tu parles de ta petite soeur. Vous avez justes une sâle historie ensemble j'imagine ?"

Tu évites des flaques, ne souhaitant pas glisser de nouveau alors que tu réfléchis pensivement à ce qu'il t'a dit, pensant à ce que tu sais de lui. Il parle souvent de sa petite soeur, avec beaucoup d'amour, mais aussi un air de culpabilité au fond de ses yeux bleutés. Tu imagines que là doit se trouver la raison pour laquelle il est devenu Mordred. Pour protéger. La même raison qui te pousse à balancer ta batte dans la face du premier monstre venu, un rire éclatant t'échappant. A l'époque, tu ne réalise pas la force de tes actions. Tu ne maîtrise pas ton souffle non plus, alors une fois le coup d'envoi lancé, tu le laisses te guider. Il sait mieux que toi après tout. Il est expérimenté.
Tu te permets même de narguer les monstres, les pensant alors sans pensées, simple monstres à dégommer, te fichant bien de la trève qui avait été décrétée.

"Aller les stremons ! Il est l'heure de danser. Faites des claquettes pendant qu'on s'occupe de vous défoncer."

Sourire carnassier.
Non Lexie t'as pas idée.
De ce qui t'attends dans quelques années.

Ton enthousiasme, Lexie, est une bouffée d'air frais dans ce monde de gueux.

Le regard rivé devant, la course qui suit sa cadence. Je t'entends, à quelques foulées derrière moi, tu tiens le rythme. Te permets même de continuer ton petit interrogatoire. Et je ne peux contenir un pouffement.

▬ Je ne suis pas tout à fait sûr qu'Ezéchiel soit d'accord avec toi.

Et puis tu évoque Solveig. Ah, Sol, mon soleil. Tu as vu juste, Lex, on ne peut rien te cacher. Tu ferais une enquêtrice formidable.

Mais pour l'heure, c'est de ton swing imparable que le peuple a besoin.
Alors tu t'élance, littéralement dans la joie et la bonne humeur. Frappant dans une danse improvisée, dégommant quelques têtes et mutilant les corps.

Je t'observe, sans bouger. Un peu comme le ferait un professeur évaluant son élève. Tes mouvements sont lourds, manquent parfois de précision. Mais ils font mouche et te permettent d'avoir assez aisément l'avantage sur eux.

▬ Tes appuies Lex !

Ne perds pas ton équilibre. Une chute et tu pourrais être sonnée. Suffisamment pour te mettre en difficulté. Même si aujourd'hui tu ne crains rien, il est bon d'apprendre et d'échouer avant qu'un jour, tu ne retrouve dans une situation isolée. Où tu n'auras personne pour te couvrir.

▬ La sale histoire qu'on a eue, c'est à cause d'eux.

L'infusion de mes dagues étincelle de plus belle et je m'élance pour venir trancher la chaire pourrie de l'un des leurs. Le visage éclaboussé par le jet de sang et le regard haineux.

▬ Ils l'ont attaquée et brisée.

Et ils sont impardonnables. Tous autant qu'ils sont.

▬ On les exterminera, Lex...

Un nouveau corps qui s'écroule au sol, nappant le sable d'une mare rouge. Tous.

Sol, mon Soleil, mon Trésor. J'irais créer un monde où tu puisses vivre en paix. Où l'angoisse et la peur n'existent pas.
Où tes rires pourront à nouveau raisonner librement.

J'ai le regard figé et la tête inclinée vers la dépouille qui git à mes pieds.
Pourriture
Ordure
Sale merde
Putain de MONSTRE

La rage s'invite au creux de mon ventre. Elle grimpe, grimpe, se hisse avec une facilité déconcertante jusqu'à ma tête. Me faisant lever la semelle de ma godasse pour venir assener un coup à chaque qualificatifs qui hurlent dans mon crâne. Ce n'est plus un combat, juste un exutoire. Libérer la haine qui s'accumule dans mes veines.
Cogne. Cogne. Cogne.

Il n'y a que comme ça que je peux retrouver un semblant d'apaisement.