J'fous quoi à Los Angeles ? Des trucs. Des trucs qui font que j'dois aller à Los Angeles. Voilà ce que je réponds quand on me pose la question. De la même façon qu'on me dit c'est quoi devant un écran de cinéma; un film. Question con, réponse con. J'ai l'droit aussi d'aller à Los Angeles par moments. Du coup, je traîne à Venice, le quartier italien. Parce que j'ai beau pas être une rital, j'aime bien leur bouffe. Et j'aime bien l'ambiance. Genre, c'est là dont est tiré le premier trailer de Dead Island 2. C'était trop une tuerie pour l'époque, au sens propre comme figuré. 'Fin bref, je suis là pour décompresser, des derniers jours. Et pour faire mon rapport au qg principal, sur la situation qui a amené la petite Lexie a avoir ses côtes cassées. Ils veulent confirmer que c'bien Beastie que j'ai claqué au sol et envoyé pour de bon en ad patres. Puis surtout m'engueuler, parce que selon eux j'ai mis la petite en danger. En soi sur ça, ils ont pas tord. J'ai merdé. J'aurai pas dû la mettre direct en contact avec un monstre aussi fort. J'ai dû ravaler ma fierté, serrer mes poings à blanc et encaisser toutes ces merdes que ces gros cons se donnent le ton pour me dire que j'aurai pu faire mieux, être moins impulsive. Que je devrai me rappeler de Charles et bla et bla et mierda. Du coup, je me retrouve là ouais, à ruminer sur le bord de ce mur, avec mes pâtes à la crème de truffe. Parce que chuis une truffe, et que c'est bon la truffe, même si j'en suis une. Voilà vous savez maintenant. Bref. Je suis fière de ce que j'ai pu faire en soi, mais à quel prix. J'suis encore retournée de c'te chienlit, à cause de ce qu'a dit l'autre monstre, avant de mourir. J'sais pas, ça me fait toujours bizarre quand j'y pense. Même quand j'regarde la mer, j'y pense. Ça s'est inscrit en moi et je sais pas pourquoi.

Pendant que j'arrive pas à mettre des mots sur mes pensées, j'entends qu'un truc métallique et lourd tombe par terre. Hein ? J'croyais qu'ils avaient rasé la zone de muscu qu'était sur la promenade. Des spaghettis encore au bord des lèvres, avec mon doggybag en main, je vais voir d'où vient ce son qu'est pas loin. Et là, ouais j'vois qu'effectivement, il y a des mecs qui flex, et s'entraînent sur les différents appareils qui ont été mis à disposition. En fait ils ont juste fait une rénov' ? Trop cool. Du coup, je me pointe à manger et les regarder faire leurs séances, avec le huilé et tout le patatra que ça implique. C'est genre comme la routine beauté d'une gourou timbrée du maquillage, mais là c'est tout le bas du corps qu'on met en soins et sous pression; pour la faire courte et efficace niveau compa. J'peux pas les rejoindre, vu que je bouffe, mais clair, c'est génial. En plus les infrastructures déchirent. C'pas la pointe de la dernière tech, mais c'est le panel qu'il faut pour garder en forme ces bousins là.

Ça me donne encore faim, et ça tombe bien, pas loin il y a un autre restaurant italien, chez qui je vais pour de suite prendre de la bouffe. Y'a un truc qui interrompt cette ambiance trop cool cependant. Y'a une dispute, de culturistes évidemment. Des ritals évidemment. Ça gueule, ça fait le moulin façon Don Quichotte avec des pinces de crabe, et ça me donne encore faim. C'est devant le restaurant, et ça a l'air de vite partir en barda, pour une histoire de meuf, on dirait. 'Fin je crois comprendre le mot meuf, ils débitent trop vite, et je suis genre concentrée sur mes spaghettis. Mais j'vois pas de femme au milieu des quatre mecs. Alors de quelle femme y parlent, ces dingos pompeur d'air ? On me passe finalement ma commande à emporter, et je suis prête à partir avec mon nouveau paquet, sauf que devant le restaurant le groupe de quatre est maintenant fait de dix. Et là je me dis : je passe comment. Bah ... pas le choix ? Faut que je force. Alors je passe en disant pardon et en essayant de sauver ma bouffe de leurs bras, leurs mouvements. Sauf qu'à un moment il y en a un qui me pousse dans un grand levé de bras, ça tape mon bras qui tient mon risotto à l'asperge et les boulettes de viande sauce tomate. Devinez ce qu'il se passe après ? Bah ça claque sur la gueule d'un des mecs du groupe. 'Fin je crois qu'il est dans le groupe. Il est (trop) grand, baraqué. C'est tout ce que je vois vu que je viens d'emplâtrer mon plat dans sa mouille.

— Grm gn gn gne. Malditos molinos de viento.

Ouais ça me met en rogne. Je grommelle, je m'excuse pas. La bouffe italienne c'est bien, mais les italiens, c'est chiant.

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