20/10/2022


Encore caché.
Encore voilé.
Les nuages encore qui viennent tout gâcher.
Plus de soleil. Plus de lumière. Un seul amas de gris qui trône dans le ciel. Plus de rayons, plus de chaleur, rien d’autre qu’un vent froid qui vient gifler votre cœur. Le soleil, disparut, engloutit derrière la mer de nuages, colporteur de larmes qui s’abattent en torrent. Tout pour incommoder les passants. Ruinant des brushings, pressant les fumeurs et autres promeneurs. Vraiment un temps de merde. J’ai parfois l’impression qu’il se calque sur mon humeur. Ou l’inverse. Quelle idée d’être aussi influençable, surtout face à deux bourrasques et trois gouttes de pluie.


Bon, je l’admets, je me suis laissé rattrapé par l’averse. Je suis parti de chez Gab, à la fois enchanté et… stressé. Un peu poussé par ce dernier. Incité. “Va parler à ton frère.” Il a raison. Mais… je ne sais pas, il y a quelque chose de non rassurant à aller retrouver celui qui porte dorénavant le nom de Mordred. Surtout quand on a prétendu être mort pendant trois  ans avant de revenir sous les traits d’un hypocrite et d’un monstre.


Mais Gab a raison. Et tu l’as souhaité, toi aussi, Eze. Il faudra qu’on parle. De tes propres mots. Déjà une vingtaine de jours se sont écoulés depuis. Il m’a fallu prendre quelques marques, me remettre de nos… retrouvailles. Te laisser du temps aussi, histoire de tout digérer. Désolé Eze, tu n’as pas rêvé.


Adresse en poche, les poumons gonflés d’impatience et de crainte. J’ai beaucoup pensé à toi. Je m’en suis beaucoup voulu et j’ai imaginé mille et une excuses à te présenter. Mais j’ai aussi créé mille et une histoires, rien que des bobards, pour ne pas avoir à déballer toute la vérité. S’il existe encore un doute dans ton esprit, j’espère quelque part m’y rattacher. Gagner du temps. J’ignore à quelle fin mais je ne veux pas t’infliger une nouvelle déception.


Tu m’as soigné, Ezechiel, puisant dans ta propre vie pour panser la mienne. La préserver des armes et des serments des Protecteurs. Tu l’as supposé. Tu le sais déjà. Tu ignores à quel point mes racines ont été arrachées pour être replantées souillées, puisant désormais l'énergie dans la chair et le sang d’innocents.
Impossible, impossible ! A toi comme à Gabriel et surtout à Gawain, je ne peux pas tout avouer. J’ai bien trop honte et ça ne ferait que vous blesser, encore une fois.


J’arrive devant ta porte, les fringues et les cheveux trempés. Inspire un bon coup avant de sonner. Début de soirée, tu es forcément chez toi. Je débarque sans prévenir, j’espère que tu ne m’en voudras pas trop. Un moment d’apnée avant que la porte ne s’ouvre. J’ai le cœur qui bat. Avant cet instant je n’aurais pas cru que te revoir m'aurait ému. La lumière se glisse derrière toi, te laissant dans l’ombre et éclairant mes iris bleus. Un sourire sincère sur mes lippes. Salut, p’tite tête. La porte se dégage et c’est dans une accolade franche et fraternelle que je te prends dans mes bras. Une tape dans ton dos qui se veut bienveillante. Il faut qu’on parle. Et je me glisse derrière toi, pénétrant dans ton appartement. Un coup d'œil circulaire avant de jauger le fauteuil où je viens choir, comme si j’étais chez moi, trempant le mobilier des restes de pluie et de boue. Oui hein, t’as très envie de me mettre dehors non ? Croisant les jambes en posant la cheville sur mon genoux, je te fixe avec amusement, les bras passés sur le haut du siège. Alors comme ça, toi et Lancelot vous…. J’illustre en faisant toucher mes deux index l’un contre l’autre. J’en ai raté des choses, dis moi. A deux doigts d’éclater de rire.


Je suis venu parler oui, mais gardons les sujets qui fâchent pour plus tard. Toi aussi, après tout, tu as l’air d’avoir pas mal de choses à raconter.