Quand on pense à Melody, on pense avant tout à une jeune femme à l’écoute et bienveillante. Après tout, c’est ce qu’elle a toujours été : une personne douce, qui aime prendre soin des autres. Melody est attentionnée, et à ses yeux, le bien être des gens qui l’entoure est essentiel. Qu’elle soit devenue démonne n’y change rien, ce qui compte, c’est sa gentillesse. Les clients du café dans lequel elle occupe un poste de serveuse, pour pouvoir se payer son appartement en ville, pourraient parfaitement vous le dire : celle qui fait semblant d’être une humaine tout à fait normale, serviable et accueillante, apporte toujours un peu de chaleur là où elle se trouve. Mais lorsque l’on vit une double vie, en lien étroit avec la mort et la violence, c’est parfois le meilleur moyen de porter un lourd fardeau.

Quand on pense à Melody, on pense également à une jeune femme particulièrement réservée. Incompatible avec son amabilité et sa bienveillance ? Pas vraiment. C’est plutôt ce genre de personne qui œuvre dans l’ombre pour le bien des autres. Elle n’est pas très bavarde, on pourrait presque la qualifier d’effacée. Melody n’est pas du genre à aller vers les gens qu’elle ne connaît pas de prime abord. En dehors de son travail, elle n’est pas particulièrement avenante. Bien qu’essayant d’affronter sa timidité du mieux qu’elle le peut, il est difficile pour les autres de briser sa coquille.

Cette réserve, cette timidité, elle ne l’a pas toujours connue. Ce pan de sa personnalité est apparu lorsqu’elle a été transformée en démon. Ce moment de sa vie l’a énormément changée, bien évidemment, et en a fait une personne désabusée, qui ne fait pas facilement confiance. Melody aura tendance à se méfier des autres, démons comme humains. Le merveilleux monde dans lequel elle avait vécu jusqu’à sa transformation n’existait pas, et c’est un douloureux retour à la réalité qui le lui a appris. Depuis, la jeune femme est devenue une éternelle pessimiste. Et son principal mécanisme de défense sera l’ironie.

Quand on pense à Melody, c’est aussi une personne particulièrement consciencieuse qui nous vient à l’esprit. Et cela se reflète parfaitement dans son travail comme dans ses études. Elle est ordonnée et organisée. Elle est appliquée. Légèrement perfectionniste sur les bords. Quand elle se lance dans quelque chose, elle le fera jusqu’au bout, et elle le fera bien. A ses yeux, il est important d’être parfaitement soignée, que ce soir dans son apparence physique, dans son travail, où dans la vie de tous les jours. Et c’est quelque chose de si ancrée en elle, que même lorsqu’elle perd les pédales, et massacre un ou deux passants, elle n’en reste pas moins impeccable.

Quand on pense à Melody, impossible de ne pas soulever sa perspicacité. C’est une jeune femme particulièrement observatrice, qui sait où regarder, et quand le regarder. Cela vient en grande partie de sa curiosité. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle a décidé de reprendre ses études. Puisqu’il a été décidé qu’elle serait immortelle, elle se devait d’assouvir sa soif de connaissance ! Poser les bonnes questions, aux bonnes personnes, et analyser leur réponse, voilà ce qu’elle sait faire. Et avec son travail, il était encore plus facile d’en savoir plus sur le monde qui l’entourait, et de connaître les rumeurs et petits secrets autour d’elle. Un avantage certain lorsque l’on vit dans un monde où l’on peut être chassé et tué à la moindre erreur.

Enfin, lorsque l’on pense à Melody, on ne pense probablement pas à une furie incontrôlable. Et pourtant, c’est parfaitement ce qu’elle peut devenir, en pleine nuit, lorsqu’elle perd les pédales et ne réussit plus à contrôler son instinct de prédateur. Elle devient alors imprudente, impulsive et audacieuse. Elle devient méconnaissable. Et bien que la jeune femme ne souhaite faire de mal à personne, sa nature profonde est parfois plus forte que sa raison et ses pensées.

En ce vendredi 17 juin 1949, le silence était déchiré par de nombreux cris. La maison était habituellement si calme. Après tout, elle appartenait à un jeune couple de plutôt bonne famille, qui avait tout de civilisé. Cela ne faisait pas bien longtemps que les Howes avaient rejoint la résidence pavillonnaire en bordure de Seattle, et ils avaient fait très bonne impression. Cecil Howes, en raison de sa cécité, avait échappé à l’effort de guerre lorsque le congrès avait voté la mobilisation générale. Et pendant que le monde était en guerre, il avait rencontré Vivian et avait vécu une idylle parfaite. Cecil et Vivian avaient fêté la fin de la guerre en se mariant. Ils avaient eu un premier enfant, Ruth, l’année suivante. Mais ce 17 juin était un jour tout aussi spécial. Vivian mettait au jour des jumeaux : Stephen et l’héroïne de notre histoire, Melody Howes.

1949 - 1973

Melody grandit dans un foyer aimant, dans une maison pavillonnaire en bordure de Seattle, entourée de sa grande sœur, et de son frère jumeau. Ils avaient tout ce que l’on pouvait souhaiter avoir dans la vie. Un tableau parfait. Imaginez vous ces magnifiques maisons, avec un jardin parfaitement tondu, et un couple parfaitement heureux, et leurs trois anges, habillés de manière impeccable, bien éduqués et parfaits. C’était exactement le tableau qui ressortait lorsque l’on pensait à la famille Howes. Comme si rien n'allait mal dans le monde. Comme si aucun secret n’était là pour ébranler les fondations de leur parfaite relation. Comment devenir autre chose qu’une enfant bienveillante et sage dans ce contexte ?

Pendant toute son enfance, et même durant son adolescence, Melody resta très proche de sa famille. Sa mère avait toujours été présente pour elle. Comme beaucoup de femmes à cette époque, elle était femme au foyer. Et tout dans ce foyer était parfaitement entretenu. Son père avait toujours participé à leur éducation, chose qui se faisait de plus en plus courante, mais qui restait tout de même assez rare. Sa grande sœur avait, dès sa naissance, adopté une posture de protectrice, et son frère, de quelques minutes son cadet, était son meilleur ami. L’adolescence n’y changea rien, et la jeune Melody continua de s’épanouir entièrement au cœur de ce foyer aimant. Cependant, rien ne peut être parfait pour l’éternité. Un événement était sur le point de changer entièrement la vie de cette famille de rêve, incarnant parfaitement le rêve américain. Et la vie allait bien vite reprendre tout ce qu’elle avait donné

Été 1973

La famille Howes était de sortie à Seattle. Désormais, ils étaient tous adultes, et faisaient leur vie comme chacun l’entendait. Mais il n’en restait pas moins une famille soudée, et régulièrement, il se donnait rendez-vous en ville, pour un cinéma, un restaurant, ou simplement passer du temps ensemble. Si Melody avait su ce qui se déroulerait lors de cette soirée… C’est lors de cette soirée fatidique que sa vie prit une tournure inattendue et épouvantable. En fin de soirée, la nuit régnait. Les rues étaient sombres. L’obscurité était partout. Et personne n’eut le temps de la voir arriver. Cette monstruosité qui n’eut aucune pitié et écrasa le monde de Melody en seulement quelques instants comme si de rien n’était. Ce jour-là, la jeune américaine découvrit ce que c’était que d’avoir peur. Au milieu du chaos, du sang et des cris, Vivian, Cecil et Ruth perdirent la vie. Les seuls rescapés, si l’on peut réellement utiliser ce terme, étaient Melody et Stephen. Mais leur vie en fut définitivement différente, puisqu’ils étaient devenu ce qui les avaient attaqué. Tous deux étaient désormais des monstres.


1973 - 1986

Les premières années, en tant que démon, ne furent pas spécialement glorieuses, pour Stephen et Melody. La culpabilité de faire du mal, la volonté pas assez forte de résister à des pulsions meurtrières et à des instincts primaires, et le fait de se retrouver seul dans un monde qui nous est inconnu ne font pas spécialement bon ménage. D’autant plus lorsque notre nature profonde est en contradiction totale avec ce que l’on est devenu. Pendant cette période, Melody et Stephen ne se séparèrent pas une seule fois. Ils avaient tout perdu, mais au moins, ils étaient ensemble. Ils vivaient un cauchemar, mais au moins, ils le vivaient ensemble. Ils s’entraidèrent, ils survécurent ensemble. Ils firent du mieux qu’ils purent pour limiter les dégâts qu’ils causaient, mais quand la faim nous tiraille, il est difficile de passer outre, et plus d’un humain furent perdu dans le processus. Melody et Stephen cherchaient simplement de l’aide pour apprendre à se contrôler. Avant cet incident et leur transformation, les jumeaux n’avaient absolument aucune connaissance de ce monde caché : des monstres, des humains aux pouvoirs particuliers qui les chassent pour garder l’humanité saine et sauve… Ils avaient simplement besoin de quelqu’un pour les aider à trouver leur voix. Mais ils apprennaient à vivre dans cette terrible réalité.

Automne 1986

Cependant, lorsque l’on est un jeune monstre sans contrôle sur soi, il faut savoir faire face aux conséquences. Très vite, Melody et Stephen furent pris en chasse par des protecteurs, chose parfaitement cohérente et logique, lorsqu’on y pense. Après tout, bien qu’ils n’avaient pas de mauvaises intentions, ils étaient tous deux bien plus dangereux qu’ils ne laissaient paraître, et ils avaient tué plus d’un mortel depuis leur transformation. Et c’est ainsi que le second drame de la vie de Melody arriva. Pourchassé par un pourfendeur, Stephen et Melody se séparèrent, juste un instant. Un instant suffisamment pour qu’elle perde la dernière personne qui comptait dans sa vie. Ils avaient eu l’idée de partir chacun dans leur coin, afin d'échapper à leur poursuivant, puis de se rejoindre, un peu plus tard. Mais Stephen n’arriva jamais jusqu’au point de rendez-vous. Inquiète, Melody retourna à l’endroit où ils s’étaient vu pour la dernière fois, et tenta de retracer le chemin de son frère. Il était déjà bien trop tard. Lorsqu’elle le trouva finalement, le protecteur était reparti et le corps dans vie de son frère gisait au sol. A ce moment-là, ce fut comme si une part d'elle-même lui était arraché. Elle sombra simplement dans la folie et la haine. Les monstres avaient pris ses parents, les protecteurs son frère. En qui pouvait-elle avoir la moindre confiance ?

1986 - 2006

Les vingt années qui suivirent, Melody n’avait plus aucun but dans la vie. Elle se laissa guider par son instinct de monstre, sans que son humanité ne reprenne le dessus une seule fois. Ces vingts années ne furent que violence, désespoir, meurtre, faim,et solitude. Elle se déchaîna tant qu’elle en vint à devenir un démon supérieur, et se découvrit un nouveau pouvoir : la privation sensorielle. Dieu sait qu’il lui fut utile pour se nourrir, mais aussi pour fuir. Ce cercle infini de brutalité et d’agressivité ne s’arrêta que lorsque Melody rencontra son sauveur, un démon qui avait fait le choix de ne pas manger de chair humaine. Il l’a pris sous son aile, l’aida à contrôler ses pulsions du mieux qu’elle le pu, lui montra un chemin pour vivre sans avoir à tuer.

2006 - 2020

Pendant les quinze années qui suivirent, Melody apprit à maîtriser son pouvoir terrifiant, bien que difficile d’utilisation, et plutôt éprouvant. Elle apprit à contrôler ses instincts, et découvrit une nouvelle façon de survivre. Une façon qui lui correspondait bien mieux. Elle pouvait redevenir un peu plus elle-même. La culpabilité était bien présente, chez la jeune femme. Elle se détestait elle-même, qui était devenue l’exacte opposée de ce qu’elle avait été. Elle détestait les démons qui n'avaient aucun remord à tuer. Elle détestait les protecteurs, qui n’avaient eu aucune pitié face à sa condition et celle de son frère. Elle détestait le monde dans lequel elle vivait. Mais elle voyait une sorte de rédemption possible, pour peu qu’elle réussisse à maîtriser sa nature. Elle entreprit d’avoir une vie “normale”, autant que cela était possible. Elle repris des études, elle chercha un travail en parallèle, un appartement. Et elle tenta du mieux qu’elle le put de s’en sortir, sans tuer personne.


2020 - 2023

Aujourd’hui, Melody a quitté Seattle, pour vivre sa nouvelle vie en Californie - et pour ne pas éveiller les soupçons quant au fait qu’elle n’a pas vieilli d’un pouce. Elle continue ses études, elle a trouvé un travail à mi-temps en tant que serveuse dans un petit café de la ville. Mais elle continue de lutter contre certains de ses instincts, et, de temps en à autres, à perdre les pédales.

Pseudo : Asuryaa
Age : 28 ans
Pronoms : She / Her
Comment tu nous a connu : Par le biais d'une amie, qui débarque en même temps que moi
Commentaire : Wah ! Quelle classe ce forum !