intelligente // observatrice // charmante // polie // minutieuse // convaincante // indéchiffrable // souriante (trop) // compétente // cultivée // inarrêtable // malicieuse // manipulatrice // attirée par la beauté // monstrueusement angélique // vieille entité // oreille attentive

un léger sourire fiché sur les lèvres, elle semble constamment dans de bonnes dispositions. à peu de choses près. il y a quelques règles à ne pas transgresser; le problème étant que personne ne les connait.

elle est tranquille, calme, rien ne dépasse. elle discute sans hausser le ton, prend toujours le temps de répondre aux questions. et si la plupart du temps, ces qualités sont appréciées, certains argumenteraient à propos du fait que Vicky sait tout, tout le temps et qu'elle semble ne jamais accorder autant de crédits à autrui qu'à elle-même.

elle est sûre d'elle-même, à n'en pas douter. une assurance un peu effrontée pour une si jeune femme... si jeune ?
Vicky est bien intégrée, dans son travail, dans sa vie. c'est un ange.
insoupçonnable.

il y a le petit village, aujourd'hui détruit, dans un coin perdu de Valachie. les paysage verts, les alpages. il y a ce sentiment de non-existence qui la hante, comme si tout n'avait été qu'un rêve. la chaleur des animaux dans la grange, l'odeur du lait, l'odeur de la terre mouillée. ça pue et ça sent son enfance dans un même souffle. mais son enfance est si loin, si petite, si enclavée dans sa mémoire qu'elle peine à différencier le faux du vrai. elle se souvient de la voix lourde de son père, mais pas de ses mots ; elle se souvient du tissu rêche des robes de sa mère, mais pas de leurs couleurs.

ses parents n'ont plus de visages depuis longtemps, ils sont anonymes, même pour elle. et c'est tant mieux quelque part, elle ne se souvient pas avoir eu d'affection pour eux, pas plus qu'ils n'en ont eu pour elle, petite dernière d'une trop grande fratrie. ils lui fournissaient le toit, la nourriture et c'était suffisant.
l'amour avait été épuisé bien avant sa naissance.

elle se souvient du poignard enfoncé dans son abdomen, du grognement écœurant, du souffle dans son cou. de l'odeur de sueur ; elle a envie de vomir. elle veut mourir. mais elle vit. vit et se venge. les gens meurent autour d'elle, souvent. les hommes, surtout.

elle se souvient de la guerre, des russes, de l'unification de la Roumanie. et de milliers de détails au détour de ces milliers de jours. elle se souvient de l'Italie, quelque part au début du vingtième siècle. et de la faim. elle a faim. si faim....
et de l'Italie, les Amériques, les promesses de richesses, de grandeur. elles se souvient de son orgueil blessé.
du grand banditisme et de cette nuit de juin 1936.

de cette petite fille. la première. celle qu'elle veut prendre dans ses bras, irrésistiblement, pour l'étreindre et lui dire que tout va bien. de ces sentiments inconnus, du massacre.  
les jeunes filles, elles disparaissent quand Viktorina devient l'autre. elles s'étiolent en lumière, elle ne les voit plus. elle ne les mange pas, jamais. toutes les petites filles deviennent un miroir. elle ne voit qu'elle-même, elle ne voit que la petite fille qu'elle était, que personne n'a sauvé.

elle se souvient de Ruth, de Mary, Emy, Holly, Lola.

elle se souvient de Nova, bien plus tard, dans cette rue, les yeux pleins de larmes. petite, fragile, fragilisée. est-ce de la compassion ? ou une forme d'égoïsme détraqué. elle fait quelque chose parce qu'elle fait quelque chose pour elle-même. pour cette petite fille qu'elle n'a jamais pu être, pour celle qu'elle n'a jamais eu.

Cherub étend ses ailes, ne toque pas aux portes. sa lumière touche papa, maman. dans son giron, les enfants. seul subsiste la petite sœur. toujours. les os craquent. l'odeur du sang. puis elle repart comme elle est venue, rassasiée pour un temps. il n 'y a pas une once de justice dans ce qu'elle fait, pas vraiment de compassion. juste la faim. l'assurance d'être insoupçonnable, l'impunité.

elle vomit. s'essuit la bouche du revers de la main. et sourit.

résumé:

Pseudo : mori
Pronoms : any
Comment tu nous a connu : c'était il y a longtemps, nous étions des enfants.
Commentaire : oof il faut que je récupère des ressources pour grapher tout est resté sur mon vieux pc.