je suis là
à attendre que le temps passe
à attendre qu'il s’efface

je ne sais plus qui est ce “il”
il me désespère 
me fatigue
m'exaspère

il
il-
me fascine
il-
me coupe la respiration
me fait attendre, me fait espérer 
il est partout, il est tout
et
il n’est rien à la fois
il est une partie de moi, il est ce que je suis, il est moi et tout son contraire
il est en deux parties
il est une voix
voire même deux ou trois

il
il
il-

c’est une île, dont je rêve
pour m’exiler
pour respirer
pour trouver le calme et la sérénité

c’est une île, que j'espère
une île dans ce flot incessant de pensées
protectrice des vagues noires et des nuages affolés

et c’est cette image qui m'accompagne
pieds dans le sable, perles noisettes sur les vagues
calmes
pas comme mes pensées
pas comme ma respiration saccadée
pas comme ma trachée qui refuse de fonctionner

et j'inspire
expire
et j'espère
expie mes péchés sans me confesser
une prière sans dieu à idolâtrer
une prière pour les ancêtres protecteurs
ceux qui viennent me réchauffer le cœur

et je suis là
et j’inspire
et j'espère 
au rythme des allers et venus des vagues calmes
au rythme des embruns que j'imagine, paupières closes 
au rythme des sons qui me reviennent en mémoire

•
T'es un mec gentil, Zack. Vraiment, qui joue, qui rit, qui sourit. T'es un mec qui va offrir le café, le repas, sans vraiment compter, comme pour se faire aimer. T'es celui avec qui il est facile de discuter, mais celui qu'on invite pas vraiment en premier. T'es le dernier choisi, et le premier à se sacrifier. On te parle et tu écoutes, mais on t'oublie vite, comme un barman qu'on considère comme son psy, et à qui on raconte sa vie, avant de repartir et de ne plus jamais revenir. Et ça te tue, ça te détruit, parce que toi, toi-

T'as le cœur à l'âme, l'amour dans l'âme. T'es le romantique qui espère et qui désespère. T'es l'amoureux des lettres, des êtres, d'la peinture, d'l'écriture, d'la musique, des choses magiques. C'est pas ta faute, Zack, depuis ton plus jeune âge, tu ne fais que ça, t'évader, te sauver, fuir. La réalité, la prison dorée. Alors tu lisais, lisais, lisais. Les histoires d'évasion, d'amitiés, d'amours, d'aventures. Et t'as vécu tellement de vie à travers tout ça, que t'en as un peu perdu l'espoir. A quoi bon essayer de vivre vraiment, à quoi bon essayer de ne pas te laisser porter, si toutes les émotions, tous les sentiments, tu les ressentais à travers des mots si puissants ? T'es un romantique dans l'âme. Tu attends les scènes de baiser les lèvres entrouvertes, souriant comme un gosse devant des cadeaux de Noël, ton cœur s'emballe, palpite devant les scènes d'amour, les déclarations sans précédent. Et tout ça, tu le vis par procuration, parce que t'es terrifié de la suite.

Les disputes, l'abandon, l'oubli.
Parce que-
Parce que t'es pas assez.
Faut que tu sois l'excellence.
L'excellence.
Y'a que ça qui compte.

Et t'en es pas capable, de l'excellence, pas celle-ci, pas celle-là, tu sais pas faire, les livres ne t'apprennent pas tout ça. C'est que du faux, du chiqué, c'est de l'utopie, des mensonges, de la poudre que l'on jette dans les yeux des enfants pour leur faire faire de jolis rêves, pour ne pas qu'ils imaginent les pires monstres sous leur lit, dans leur tête, pour ne pas qu'ils s'imaginent un futur sans espoir et sans vie.

T'es pas capable de cette excellence-là, alors, tu te contentes de celle que tu peux atteindre, plus ou moins. C'est pas une vraie, c'est pas la perfection, mais tu t'en approches si souvent. Parce que toi, toi, toi- tu retiens ce que tu lis, tout ce que tu vois, c'est si simple, si facile de tout recracher ce que t'as appris, par cœur, pendant les longues nuits noires d'hiver, et les longues journées d'été brûlantes. Les cours ont toujours déroulé sous tes yeux cernés pendant les examens, les concours, pendant les questions orales où t'avais juste à recracher ce qu'on attendait de toi. Et la théorie, tu la connais sur le bout des doigts. Et c'est normal, t'es un bourreau du travail, ta vie ne tourne qu'autour de ça. Le lycée, la fac, le taff. T'as toujours révisé, tu ne connais que ça, on ne t'a appris que ça. Et le matin, quand tu ouvres les yeux, marques du bureau sur ta joue, celles des lunettes sur tes tempes, t'avales des gorgées de café, et, peut-être, si ton estomac t'en veut pas trop, si ton esprit n'est pas méchant, alors t'avales une ou deux bouchées de brioche. Et c'est pas bien, oui, oui tu le sais, que c'est pas bien, mais c'est pas ta faute. C'est pas ta faute, t'y penses pas, c'est pas important, pas autant que l'excellence. L'excellence. L'excellence. Mais c'est jamais assez. Jamais suffisant.

alors tu te perds, et tu tourbillonnes
les paupières qui papillonnent
et t'as le cœur qui tremble
les doigts qui se rassemblent
et la respiration qui se saccade
qui brise la façade

t'es plus vraiment là
y'a ton esprit qui part
t'es pas
assez fort
assez bien
assez intelligent
assez important
fais pas ton intéressant

On t'a toujours dit que tu pouvais tout faire tout seul, que si t'en étais pas capable, alors, à quoi servais-tu ? A pas grand chose. Mais c'est pas de ta faute, Zack, si ton cœur bat trop vite, si t'as les oreilles qui sifflent, si t'as la gorge qui se serre, et les acouphènes qui vocifèrent. Et tellement, tellement fort, que t'as le crâne qui hurle, qui explose de l'intérieur, qui te supplie que ça s'arrête. C'est pas ta faute, et y'a rien qui les stoppe. Alors tu souris, doucement, tendrement, masses tes tempes douloureuses, pinces l'arête de ton nez, là, tout proche des yeux, et tu respires.

Inspire.
Expire.
Espère.
Expie.

•

Tu n'étais pas censé naître, Zack. Tu n'étais même pas censé exister. La grossesse de ta mère, comme ta naissance, a été longue et difficile. Personne ne t'attendait avec grande impatience, et tu n'étais pas décidé à rencontrer les personnes qui dicteraient ta vie. Tu n'étais pas censé exister, Zack, car la fille parfaite existait déjà : ta sœur aînée. Douce, tendre, gentille, travailleuse, intelligente. Quatre ans, et son avenir était déjà tout tracé, comme le tien, alors que t'étais pas encore né.

Le truc, c'est que tu viens de ce genre de famille. Pas très grande, ni du côté de ton père, ni du coté de ta mère ; et de toutes façons, ceux-là, tu les as jamais connu ; pas très grande, donc, mais surtout très stricte. Et très riche. Vraiment très, très riche. Le genre de famille dont il faut vouvoyer les grands-parents, car il faut respecter les aînés, et faire de jolis sourires, même si tout le monde se déteste, et que tout le monde le sait. La famille de ton père, ce sont tous les mêmes : avocats, rentiers, médecins, patrons de tu ne sais quelle entreprise qui fait beaucoup trop d'argent pour ce monde. Et ton père n'est pas le mouton noir de la famille, non, avocat dans un grand cabinet, et c'est là qu'il a rencontré ta mère, avocate de même renommée. Tu ne sais pas vraiment de qui ils sont les avocats, mais on ne se fait pas autant d'argents en travaillant pour les petites gens, ça, tu en es sûr et certain.

Alors avec tout ça, Zack, tu n'as jamais vraiment manqué de rien. De rien du tout, Zack. Ni de nourriture, ni de nounous, ni de précepteurs, ni de professeurs, ni de leçons, ni même de parents trop présents.

Ils savaient tout. Tout ce que tu faisais, tout ce que tu disais. Ils savaient ce que tu avais mangé, et ce que tu mangerais dans les jours suivants. Ils contrôlaient tout, et ils ont toujours tout contrôlé, car tu devais être l'excellence. Ta sœur avait déjà pavé la route d'or et de diamants, tu n'avais pas le droit à moins, non, tu ne devais pas faire moins. Tes facilités d'apprentissages t'ont été d'une grande aide, mais rien ne semblait les satisfaire.

Rien ne les a jamais satisfaits.

T'avais quinze ans, au lycée, quand t'as commencé la rébellion silencieuse. Les choses qui étaient faites pour avoir l'impression d'être vivant, pour laisser sortir cette frustration, cet énervement, cette panique que tu avais, au simple fait de regarder une feuille de cours. Et c'était si grisant, de faire toutes ces choses interdites, en espérant de toute ton âme de te faire chopper, juste pour que leur image parfaite, juste pour que leur photo, affichée en grand dans la salle à manger, se brise comme un vase qui s'écrase contre un mur. Mais jamais ils n'ont remarqués tes absences, les nuits où tu t'enfuyais. Mais jamais ils n'ont eu vent des vols à l'étalages que tu faisais. Mais jamais ils ne t'ont remarqué. Et t'avais l'impression de vivre deux vies, totalement opposée : celle du lycée, calme, et tranquille, où tu étais ce merveilleux élève souriant, toujours prêt à aider, et celle des rues humides et noires, où tu te laissais porter par n'importe quel inconnu, tirer vers des endroits que tu n'avais jamais vu.

Et après le lycée, la fac, que tu as choisie par défaut. C'était soit la médecine, soit la loi. T'as choisi la médecine, pour t'éloigner, le plus loin possible, d'eux. Pour ne pas leur ressembler, une façon de leur montrer, de leur faire savoir que jamais tu ne deviendrais leur parfaite réplique. Et ça a été une autre vie. L'excellence était si difficile à atteindre que t'as failli craquer plus d'une fois, que t'as failli tout plaquer, partir avec du liquide et un sac à dos, et plus jamais revenir. Et pourtant, y'avait un truc, quelque chose, qui te disait que t'étais peut-être fait pour ça, que, dans leur dictature, t'avais peut-être trouvé ta voie... mais aussi ta voix.

C'est ton diplôme en main, appartement à ton nom et travail en poche que t'as pu enfin leur dire, d'une voix trop douce pour toute la haine que t'avais envie de leur cracher à la figure... t'as pu enfin leur dire, Zack, que plus jamais, jamais tu ne les reverrais.

Pseudo : j'en ai pas (un jour j'en aurai un peut-être) (trouvez moi un pseudo)
Âge : 28, la vieillesse est là.
Pronoms : elle/elle
Commentaire : j'suis dans le déni de l'irl, vraiment. on m'a chauffée, j'suis arrivée, car je suis la faiblesse (les gens savent), donc me voici me voilà. J'aime croire que j'ai résisté longtemps, mais faut se rendre à l'évidence, j'étais embarquée à partir du moment où on m'a dit : « hé, regarde....... » Je tiens à préciser quand même que je taff énormément, et que des fois je vais disparaître, mais que je penserai quand même à vous, promis. Hier, j'me disais que j'arrêtais le rp pendant une période parce que trop de taff, et me voici aujourd'hui..... je suis la faiblesse, m'en voulez pas trop s'il vous plaît
(+ one ok rock c'est la vie donc, voilà d'où vient mon titre)