MUSIQUE – La ville et ses bruits incessants ; l'environnement qui hurle sa haine, qui dégueule sur sa peine. Las Vegas, les tréfonds de la connerie humaine. Un jour de soleil pour une décennie de supplice. Rembourser des dettes, vivre dans un taudis pour les plus chanceux, dans des grottes pour d'autres. Et lui, qu'est-ce qu'il fout là ? Pourquoi sa bécane l'a amené dans cet enfer ? Les rumeurs. Les on-dit. Une cigarette entre les dents, c'est en cadence qu'il arpente les ruelles de la ville. Loin des néons, loin de l'effervescence. Dans ce genre de rue pavée, on ne peut y déceler que l'odeur de la mort, mélanger à celle de l'urine ; pisser ou dormir ? Il aurait fallu choisir. Misère humaine, chienne de vie. Las Vegas n'est pas la ville parfaite, mais plutôt celle du diable. Les yeux scrutent les environs, les passent au scanner ; cherchant sa proie. Gawaïn, devenu Paladin depuis maintenant un mois, il n'avait qu'une envie ; ne point faillir à sa tâche ((pas comme cette fois-là.)) Les ongles s'enfoncent dans la paume de sa main, les grieves edge sont déjà équipés.

Il reconnaîtrait l'odeur d'un macchabée à tout jamais.

Un corps, dans une ruelle, laissé à l'abandon. Bien évidemment, qui viendrait chercher quelqu'un qui n'a plus de vie ici ? Un « no name » ; rien de plus qu'un numéro. Aucun papier d'identité, dépouillé. C'est en dégainant son téléphone que l'homme se retrouve contraint d'appeler, pour prévenir qu'il y avait une carcasse à venir chercher. Se relevant, couvrant ce qu'il reste du corps d'une bâche traînant non loin ; le paladin scrute ce qui s'apparente à une décharge. Le contraste avec la ville néons à quelques kilomètres est saisissant ; affreusement perturbant. La nuque craque, en même temps que le morceau d'une bouteille brisé sous le poids de ses chaussures en métal. Et dans la pénombre, éclairé seulement par le reflet d'un lampadaire, il décèle encore une fois, les aspects horribles de son « métier ». Un gars qui s'fait bouffer, de la tête aux pieds. Il peut voir d'où il est, la chair s'arracher, en entendre les sons, le genre à faire redresser le poil chez les plus fragiles ; mais pas chez Gawaïn.

Parce qu'il avait déjà vu ; bien pire.

Les canines s'enfoncent à leurs tours dans la lèvre inférieure, retrouver une contenance, un calme ; mais se rappeler. L'odeur, la douleur, la colère, le sang, le coup de feu présent pour le chiqué, illusion d'une embrouille qui a mal tourné ; dissimuler l'existence de cette immondice. Qu'il le veuille ou non, Gawaïn, en cet instant, il n'a rien maîtrisé, il n'a rien prévu, rien prémédité. Les ombres se sont échappées, se mélangeant à l'obscurité des lieux, l'enveloppant comme le messager de la mort qu'il était en proie à devenir. Enculé... C'est un terme qui s'échappe sans qu'il ne puisse le refréner, pas besoin de faire dans la dentelle ; de toute façon, il allait l'éradiquer. Les filaments enchaînent sa victime ; et c'est à chaque pas, qu'il claque des doigts. La prise se resserre. J'espère que t'as kiffer ton repas, parce que c'était le dernier. Un pas, un doigt qui saute. Tu toucheras plus personne. Un nouveau pas, c'est la main qui se retrouve au sol.

La jambe est levée ; puis abaissée avec rapidité. Coup net. Les jambes sont tranchées nettement par les lames jonchant l'arrière de ses talons. Alors quoi, on ne dit plus rien? Gawaïn n'entend rien, il n'entend pas les hurlements, il n'entend pas les cris de pitié, les excuses incessantes, la culpabilité. Non. Il n'entend rien. Il a l'impression étrange d'être sous l'eau, incapable de respirer. Il n'est plus le chasseur, il se retrouve proie ; la proie de sa propre haine. Le poing serré, il cogne. Lui qui n'utilisait plus ses mains pour les préserver, faisait apparemment une exception. Un nouveau coup, puis encore un. Il entend les craquements, mais pas les complaintes.

Même le sang qui lui gicle au visage ne lui parvient pas.

J'devrais t'arracher la langue ou bien te péter les dents. La perte de raison ; la colère gronde. Et ce qu'il devait faire, ce qu'il avait présagé, il le fit, sans sourciller. Une langue arrachée, des dents péter, une tête sous le pied. Un point de pression, appuyer, éclater une cervelle, ça ne devait pas être si compliqué. Les ombres virevoltent, le paladin ne parvient plus à les manipuler. C'est moche, c'est horrible, c'est dégueulasse, c'est tout ce qu'il exècre chez lui, tout ce qu'il déteste. Mourir maintenant ? C'est ce que tu souhaites ? Mais t'as écouté ses suppliques à lui ?!

Il fait l'amalgame.
Il mélange les drames.
Il superpose l'histoire de son frère
Toujours empêtré dans ce calvaire
Les joies de son enfer

Tu mérites que je prenne mon temps...

Et c'est dans ce genre de moment, qu'il se demande Gawaïn, qui est véritablement le monstre finalement.

// nfepzfpezokf bon j'suis partie en steak, si t'as besoin d'un peu plus de contexte j'serai ravie d'te le fournir, j'espère que ça t'ira malgré tout ; des bisous jtm ♡

MUSIQUE – Ne plus se sentir maître de son corps.
Se voir de l’extérieur, contempler les sévices.
Mais ne pas être en mesure de s’arrêter.
Comme hypnotiser.
Il n’entends pas ta voix, il n’entend plus rien à vrai dire. Si ce n’est sa raison, qui lui ordonne d’arrêter, de se calmer. Que cette personne ne mérite pas de souffrir, juste de mourir. Pas de façon lente, mais plutôt de manière rapide ; car il n’a sans doute pas choisi ce qui lui arrive.

Qui voudrait d’une vie de misère ?
A dévorer de la chair humaine ?
A détruire des vies, des familles ; pour une pulsion cannibale et meurtrière ?
Personne de censé. Seulement la faim n’est pas contrôlée. Elle est là.
Point barre.

Seulement voilà, Gawaïn n’arrive pas à l’accepter. Il n’arrive pas à retrouver un semblant de lucidité. Il aimerait retourner en arrière, ne pas enfourcher sa bécane, ne pas venir chasser par ici. Il aimerait être à sa villa, devant un verre de vin, un film des années quatre-vingt, un repas préparé par ses soins, au chaud sous un plaid. Mais non. Il est là, ce soir, dans cette carrière miséreuse, à ressasser le passé, à tourmenter un homme, à alimenter sa haine. Il ne sent pas les crocs du monstre dans sa chair, lui déchiquetant la main, la jambe, se débattant pour sa vie. Mais le poids de Lancelot est plus conséquent, sa poigne plus forte, sa puissance plus grande. Ce qui actionne son corps et sa caboche, c’est sa colère, sa haine, sa fureur.

Il veut son annihilation.
Il veut une rédemption.

La chanson de ses phalanges percute et résonne dans la ruelle, portée par le vent ; ça ressemble à un solo de batterie, un rythme effréné ; visage bouffi ; respiration saccadée. Prendre du recul, se voir sourire, rire ; qui est le monstre en cet instant ? Gawaïn n’en sait rien. Il voit rouge, juste rouge. Rouge carmin, le sang lui monte à la tête. Il sent que ça craque, que ça s’arrache, mais rien ni fait, il continue sa démolition, sa domination, son ascension vers le carnage ; sa nouvelle résolution. Jusqu’à ce qu’un poids autour de lui le pousse à freiner. intérieurement, le paladin sent un soulagement, mais pris de frénésie, il n’arrive pas à s’arrêter ((que quelqu’un l’arrête, par pitié.))

Berserker, rage fauve, fureur divine. C’est un état de transe pour celui qui use de son souffle. L’ombre gagne en cette nuit noire, elle devient son terrain de jeu, son terrain de chasse. L’ombre le recouvre, le dépossédant de toute humanité. L’écho d’une voix, lointaine. Gawaïn. C’est son prénom, son identité, c’est ce qu’il est. Il est Gawaïn Pelleas Sveïnsson. Mais en cet instant, il n’est personne. Arrête ! Il aimerait arrêter, crois-le ; c’est tout ce qu’il désire. La vue du sang le répugne, lui donne des nausées ; l’odeur âcre cependant, ne l’arrête pas dans sa dévastation. Lancelot putain ! Un mouvement le tire en arrière, une lame dans le mouvement entaille son faciès ; lui zébrant le visage.

Ses jambes ne le portent plus réellement, c’est la léthargie qui le guide, cet état de transe inexplicable. Cette situation est inextricable. Le rouge disparaît peu à peu devant sa vision. Ses mains portées à son visage, le sang du monstre teinte ses mitaines de cuir ; et son propre sang se déverse à flot. L’adrénaline camoufle la douleur, son souffle ératique comprimé par sa trachée. Il s’étrangle Gawaïn, pour ne pas hurler. Tout ce sang le ramène quelques mois auparavant. Trop tard… Je suis arrivé trop tard… Il sent la vie quitter le corps entre ses doigts ; une pupille noir entouré de blanc qui perd de sa lueur. C’est ce qu’il a pu voir ; une âme qui s’échappe, une vie qui s’émiettent, du sang qui s’écoule, la faucheuse prenant son frère. Aujourd’hui encore, le paladin n’est pas arrivé à temps ; toujours ce train de retard, de voir le faire répéter les mêmes erreurs, la succession de son cauchemar.

La colère le hante, le possède.
Le deuil le ronge, le malmène.
J’veux que ça s’arrête. Il aimerait que tout s’arrête, que sa propre vie s’achève. Les ombres autour de lui virevoltent, prennent de l’ampleur de nouveau. Les yeux écarquillés, son propre souffle semble avoir une volonté propre. La pénombre décuple sa puissance, mais son contrôle est amoindri. Il ne peut plus rien faire pour empêcher ça. Barre… Toi. Accroupi, l’homme tente de reprendre ses esprits, son calme, ce que son prédécesseur lui avait enseigné. Je. Je ne contrôle plus rien Fye. Il ne peut pas taire sa colère, sa rancœur ; sa détresse. Faut que tu te barres d’ici, les ombres, j’peux pas les retenirs. Les filaments sont désormais plus nombreux, plus gros, plus imposants. Le sang de sa plaie se glisse entre ses lèvres, mais le paladin ne peut même pas le recracher. Sa phobie est là, le sang d’autrui est son cauchemar. Contorsionnant son corps pour tenter dans un ultime effort de contrôler son pouvoir, son front heurtant le sol ; c’est en serrant la mâchoire au maximum, qu’il demande en s’étranglant à moitié. Je l’ai tué, pas vrai…?

Il n’en est pas certain, mais c’est bien l’impression qu’il a. Cependant, son souffle considère encore avoir un ennemi dans son dôme… Et si ce n’est pas la victime à tes pieds, c’est peut-être toi sa nouvelle cible. Casse-toi Fye… J’veux pas… T’faire de mal. Non, pas à toi.

Il ne veut pas perdre le peu d’humanité qu’il lui reste. S’il-te-plaît.

// oh darkness my old friend ! 8D

MUSIQUE – Se sentir sombrer, ne plus discerner dans la pénombre, que les affres du passé, qu’un double de la rage qui l’inonde, de la colère qui le ronge. Il se voit devenir un autre, il encaisse avec difficulté le schéma qui se dessine peu à peu et contre lequel il ne peut point lutter. Gawaïn découvre de nouveau la cruauté de ce monde, de sa condition d’homme que le désespoir transforme peu à peu en bête. Ce n’est pas une délivrance, juste de la malchance, dépourvu d’élégance, suintant une odeur rance. Les lèvres parlent, la raison est là, mais le corps est déconnecté du reste de son organisme. Vouloir te préserver de tout cela Fye, c’est ce que le paladin souhaite ; mais pour l’heure il n’est plus Lancelot, il n’est qu’un Berserker ; sans foi ni loi, que les ombres dominent de leurs noirceurs infâmes. Casse-toi d’là ! Paume contre front, des filaments jaillissent de parts et d’autres de son corps voûté, partant dans toutes les directions, détruisant tout sur leur passage. Il ne sait pas si ces derniers sont dépourvus de volonté, mais ils semblent esquiver ta personne, comme s’ils captaient le for intérieur de Gawaïn. Je ne veux pas lui faire de mal !

Il y a ta voix qui fend l’air, qui se fraye un chemin jusqu’à sa conscience, mettant tout sur pause ; un arrêt sur image, incapable de rembobiner la cassette ou d’avancer au point culminant de l’intrigue. Il n’y a que cet instant, mit sur pause, figé dans le temps ; et l’écho de ta voix pour seul repère. Raconte pas de connerie. Une phrase à la sonate si simple, mais dont l’intonation est capable de geler n’importe quoi aux alentours. La noirceur arrête sa progression, les mains sombres emprisonnant son visage sont remplacées par les tiennes, qui lui font relever la tête et l’espace de quelques secondes, ton faciès lui apparaît. Gawaïn, regarde-moi. Il te regarde, mais la lumière est si faible, les environs beaucoup trop plongés dans l’obscurité, c’est la seule chose qui arrive encore à apaiser sa peine, le déni. REGARDE-MOI ! Un tremblement, un corps qui vibre, qui est prêt à détonner, à imploser. Le sang coule inlassablement, l’odeur s’empare de sa raison, de ses sens,

Je te regarde
Mais par mégarde
Je sens mon myocarde
Gindre qu’on le poignarde

Un filament te perfore l’épaule Fye, système d’auto-défense qu’il ne contrôle pas, qu’il ne maîtrise plus ; qu’il n’a jamais réellement dompter. Son souffle n’est qu’une malédiction, la personnification de sa déraison, de sa passion pour annihiler ce qui lui veut du mal ; l’incarnation véritable de sa rage et d’un zest de son désespoir. Ta confiance en lui, Fye, est touchante, déconcertante, mais surtout inappropriée. Gawaïn ne la mérite pas, pas plus que ton affection ou ton attention. Il ne mérite pas que tu verses ton sang, il ne mérite pas que tu risques ta vie, pas comme ça, pas aujourd’hui, pas quand il est dans cet état de nerf intense. DIS PAS N’IMPORTE QUOI BORDEL ; BARRE-TOI DE LA ! Les fils deviennent plus imposants, plus gros, plus difformes également ; te repoussant de son corps comme le ferait un rempart. Les larmes déferlent sur son visage, se mélangeant au sang de la blessure provoqué par ta lame. Je sais… Qui tu es… Le corps est soumis, il ploie sous le poids des ombres, lui clouant les genoux au sol. Mais ce que tu vois, c’est pas moi, j’ai beau garder ma raison, je ne contrôle rien. ALORS POUR UNE FOIS DANS TA VIE FYE, ÉCOUTE-MOI !

Je t’en conjure camarade
Va-t-en loin de cette mascarade
Arbore un masque de façade
Laisse moi succomber à la noyade
Ecoute pour une fois, ma tirade

J’t’en conjure Fye… Aide-moi. Casse-toi loin, ne reste pas là. Ne m’abandonne pas. Je veux pas que tu m’vois comme ça. Je veux pas te faire de mal. Je vais m’en sortir, je vais me calmer. Je veux que tu m’arrêtes, que tu stop “la bête”. Par pitié, va-t-en.

Il sombre, il tombe, il s'effondre. Plus rien n'a de sens. Il n'a juste pas eu de chance. Et son regard d'habitude si verts vire aux rouge, à la soif de sang, avant de finir plus noir, brouillant sa vision. Gawaïn n'est plus, seule la noirceur domine et dicte sa conduite.

// parce qu'il faut toujours que ça parte en steak