Oops i did it again

feat Skye

Du sang perlait au coin de ses lèvres, qu’elle recueillit du bout des doigts, l’esprit encore embrumé d’un acte irraisonné.

A ses pieds se trouvait le cadavre d’un homme qui n’avait rien demandé.
(si ce n’était qu’elle le suive dans la forêt, là où nul ne les verrait)
(il n’aurait pu se douter que c’était en réalité elle qui l’y entraînait)

(ni que leurs avis divergeaient quant à la manière de s’entredévorer)

Elle avait tranché sa gorge, de ses griffes acérées. S’était repue de son sang, avant de goûter la chair tendre. Avait finalement contemplé son crime, pensive.
Ce qu’il restait du corps n’était que gâchis. Le monstre n’avait d’appétit pour l’entièreté d’un homme ; il n’en avalait qu’à peine des morceaux et laissait le reste aux charognards.
Le repas lui-même, d’ailleurs, était décevant. La viande était exquise, bien sûr, c’était bien ce qui le poussait à la consommation, mais il l’engloutissait avec la hâte d’un boulimique.


La chasse était plus satisfaisante. Lente, affriolante et ô combien appétissante. Plus prometteuse que ce qui en résultait.

La créature n’en ressentait qu’une vague culpabilité. Non pas pour sa victime, mais pour les proches qu’il laissait derrière lui.
Avait-il une famille ?

Demain, elle se prometterait de ne plus succomber. De se contenter de viande artificielle.
Jusqu’à la fois prochaine.

Des craquements, cependant, éveillèrent son attention. Quelqu’un marchait jusqu’à elle, révélant un visage qu’elle ne connaissait que trop bien.

Skye ! Elle se redresse, avec un sourire enchanté. Son apparence change et laisse ainsi apparaître Azalée. Oh, laisse-t-elle échapper, portant un regard surpris sur le macchabé, comme si elle le découvrait. Tu vas m’en vouloir, dit-elle alors, avec l’innocence d’une enfant pris sur le fait, après avoir fait une bêtise. Je suis désolée, tu sais. Et elle n’en a pas vraiment l’air, mais Azalée est ainsi.


Elle s’en voulait davantage de le décevoir, que d’avoir répondu à son instinct de monstre.
Je n’ai pas pu résister, offrit-elle justement comme excuse.

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Oops i did it again

feat Skye

Lorsque l’arbre retrouve forme humaine, son regard est lourd de reproches, bien strict pour des traits habituellement si doux. Azalée se désole d’en être la cause, plus que d’en être la cible. Skye n’a nul besoin de mot pour qu’elle culpabilise d’avoir déçu son plus vieil ami.

Et pourtant, elle réitère.

Elle s’en veut, mais davantage pour l’émotion qu’elle lit dans les yeux de l’herboriste, que pour la vie qu’elle a ôtée.
Elle reprendra l’abstinence, espérera s’y tenir, tout en sachant pertinemment qu’elle finira par recommencer.
Puis, quand le manque se fera trop important, qu’elle désirera la chasse plus que la viande, que la dernière lui semblera suffisamment lointaine, elle cèdera.


Ta viande est excellente, Skye… Elle minaude, mais n’en pense pas moins ce qu’elle affirme. Le goût n’a jamais été source du problème. Il ne compense néanmoins pas l’attrait du jeu, ni l’adrénaline précédant le meurtre et c’est une saveur unique qu’offre la chair encore palpitante d’un corps que l’on vient de tuer de nos propres mains. Ce n’est pas pareil, tu sais bien…

Il en appelle à ses sentiments, avançant l’innocence d’un homme que ses proches pourraient attendre. La moue de la femme s’accentue, à ces mots. Son expression est celle d’un enfant, mais on y décèle une rancœur bien réelle et au fond de ses pupilles danse une lueur vengeresse, rappelant le monstre dont elle avait l’apparence, quelques instants plus tôt. Imagine s’il battait sa femme. Peut-être aussi ses enfants. Et s’il en avait tué sous ses coups ? Je pourrais aussi bien les avoir débarrassé d’un monstre. Azalée spécule, comme son ami. Elle ne sait rien de l’homme, si ce n’est qu’il lui inspirait suffisamment de mépris pour éloigner les scrupules qu’elle éprouvait à tuer. La brune s’en prenait plus volontiers à ceux lui rappelant son défunt époux.

Des hommes dont elle avait été la victime, dans une autre vie.

Ou peut-être n’était-il rien de tout ça. Après tout, il ne peut plus répondre de lui-même… Son visage se tourna vers le sien, un maigre sourire parcourant ses lèvres. Ai-je troublé ta tranquillité ? Tu as vite accouru. Probablement avait-elle souillé ses terres de son acte ; voilà de quoi la navrer davantage.

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